Ce roman a reçu le prix du Quai des Orfèvres en 2012. Ce n’est pas pour cette raison que je l’ai lu, les prix littéraires n’étant pas forcément gage de qualité pour moi, mais parce qu’il se trouvait dans cette même pile d’ouvrages achetée chez un particulier et qui alimente mes lectures depuis plusieurs mois maintenant.

Résumé de l’éditeurcouv

Quand la justice est plus disposée à ouvrir les parapluies que les portes des prisons… Assumant le désordre des avocats, le Barreau est une confraternité Où les robes peuvent cacher les armes de la vengeance, Où l’hermine s’ensanglante… Les « flics » et la basoche s’accorderont toujours sur la blanquette de madame George, payée en renseignements plutôt qu’en espèces. Plus savoureuse, plus précieuse encore pour les enquêteurs, la chance de croiser la meilleure d’entre eux, petite fée exemplaire, maître ès générosité ! Vous aviez demandé la police ? La voici, souvent incomprise, parfois hésitante, ici décisive !

Mon avis

L’hermine était pourpre se lit très rapidement, et est plutôt bien écrit, quoi que le style soit assez irrégulier. Certaines phrases ou répliques sont très pertinentes tandis que d’autres sont franchement incongrues ; mais globalement la lecture est agréable. L’écrivain étant avocat, tout travail d’écriture devrait être facilité pour lui, ce serait un comble dans le cas contraire.

J’avais un peu peur de me retrouver plongée dans un milieu qui est loin de me faire palpiter, à savoir le monde de la justice. Ma crainte sous-jacente étant celle d’avoir affaire à des explications à rallonge sur le fonctionnement de ce micmac. Mais cet aspect est plutôt clair et non omniprésent ; le livre est, je pense, adressé à des non-initiés comme moi. J’ai même presqu’un peu regretté cette espèce de « vulgarisation », j’exagère le terme à défaut d’autre chose ; notamment lorsque l’auteur nous transmet des informations sur le fonctionnement de la justice à travers le discours de ses personnages dans des situations qui ne s’y prêtent pas.

Concernant le fond du livre en lui-même, je reste assez sceptique. Première chose, il n’y a pas un personnage principal mais plusieurs. On ne sait si l’écrivain parle au nom de la justice ou de la police, passant d’un protagoniste à l’autre en un claquement de doigt, c’est assez perturbant au premier abord, mais on s’y fait vite. Le seul personnage qui arrive à se détacher, mais seulement vers la fin du livre malheureusement, est le bâtonnier Dornier. Une humanité transperce à travers lui, c’était inespéré tant les personnalités de ce roman sont plutôt sombres.

Là où ce dernier pêche grandement c’est au niveau de l’intrigue, j’ai rarement lu une intrigue aussi fade. La femme d’un avocat, à la personnalité (l’avocat) aussi vide qu’une coquille d’huitre avalée, est retrouvée assassinée dans son lit, le visage en bouillie. La mise en scène est grotesque et l’enquête l’est tout autant. En fait, il n’y a pas franchement d’enquête à proprement parler. Des indices gros comme une maison ne sont découverts que tardivement et apparaissent aux yeux des personnages comme une révélation divine. D’autres évènements viennent perturber le bon déroulement de « l’enquête », mais qui ne sont là que pour mettre à mal le fonctionnement des organismes judiciaires décrits dans ce roman. Je pense surtout à l’arrestation d’un jeune de la communauté des gens du voyage, qui aboutit à une véritable révolution mobilisant de longues pages du récit et n’apportant pas grand-chose à l’histoire. Dans ce roman, personne n’est vraiment à sa place, les fonctions se mélangent, il n’y en a pas un qui fasse preuve d’un véritable professionnalisme. Si c’est cela qu’a voulu dénoncer l’écrivain, je peux dire que c’est plutôt réussi. Ce roman ne plaide pas vraiment en la faveur des avocats, magistrats et cie, et les font passer comme des incapables opportunistes et carriéristes.

Autre chose, j’ai été complètement perdue au niveau de la temporalité du récit. Très peu d’indices aident le lecteur à se situer, et c’est assez désagréable, surtout pour un roman de ce genre. Je ne savais plus quel jour on était par rapport à la date du crime.

En résumé, L’hermine était pourpre est un roman insipide qui s’oublie vite. Une lecture « du dimanche » à la rigueur, mais guère plus.

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