Je vous propose de découvrir un nouveau roman de Jean d’Ormesson, moins métaphysique que Presque rien sur presque tout et penchant plutôt du côté de l’autobiographie cette fois-ci. J’ai fait l’acquisition de quatre de ses romans récemment ; vous verrez certainement défiler d’autres critiques prochainement.
Résumé de l’éditeur
Le roman tourne autour d’un personnage qui s’appelle Romain. Il est à contresens du mouvement actuel des esprits. C’est une figure qui pourrait passer pour paradoxale : Il est habité par un goût immodéré du bonheur, il ne croit à rien mais il cultive un art apparemment disparu qui est l’amour de la vie. Il passe, et un soleil intérieur se met à briller. Il illustre une formule de Montesquieu : » Je m’éveille le matin avec une joie secrète, je vois la lumière avec une sphère de ravissement. Tout le reste du jour, je suis content. «
Mon avis
L’histoire, ou les histoires car ce roman en regroupe une multitude, prend sa source lors de l’enterrement de Romain, ami proche du narrateur, Jean. Cet enterrement, comme tout évènement de ce genre où les proches du défunt se retrouvent pour le pleurer une dernière fois, est l’occasion pour Jean de se remémorer les souvenirs enfouis et de mettre à la surface les émotions suscitées par les rencontres qui ont parsemé son existence.
Ce roman a été l’un des plus agréables qu’il m’ait été donné de lire. Agréable par le simple plaisir de parcourir ces douces pages à travers lesquelles j’ai parfois eu l’impression régressive de voyager dans un conte, m’attendant presque à y découvrir une morale. Comme dans les contes, on retrouve les gentils et les méchants, mais les rôles s’inversent parfois. On tourne les pages de ce roman en passant d’un personnage à un autre, à ce que chacun fait revivre à Jean, notre narrateur, comme s’il gardait en lui un morceau de la vie de tous. Le tout forme un texte à l’apparence hétérogène, mais dont le fil conducteur discret n’en est pas moins présent et plein de sens. Il n’y a aucun temps mort, le rythme est finement construit. On se délecte des histoires de chacun en se posant toujours la question de la véracité de celles-ci ; cela s’est-il réellement passé de cette façon ? Quelle qu’en soit la réponse, la lecture n’en perd aucunement sa suave saveur tant ce qui nous est donné de lire est rempli d’amour. Jean d’Ormesson écrit avec un trop-plein de tendresse, en pesant soigneusement ses mots. C’est une écriture qui prend le temps, et ça fait du bien. Il pourrait nous narrer les pires monstruosités qu’on y trouverait toujours un peu d’espoir. Pour autant, le monsieur ne fait pas l’erreur redoutée de tomber dans un excès de naïveté. On aimerait tellement être décrit par celui qui parvient toujours à faire ressortir les bons côtés de ses personnages.
Dans ce roman, sont aussi abordés des thèmes qu’il nous fera le plaisir de traiter plus en profondeur dans d’autres de ses œuvres, comme la mort, l’existence ou l’univers. Jean d’Ormesson ne joue pas à l’hypocrite avec le lecteur en abordant ce qu’il ne maîtrise pas. Il nous raconte ce qu’il connaît, ce qu’il a vécu et finalement on s’en contente largement. Point de mégalomanie ici néanmoins, car malgré son omniprésence au fil des pages, Jean d’Ormesson se retire derrière ses personnages pour leur laisser la première place. Il assiste, en pur spectateur, à l’instar du lecteur, à l’évolution de ces derniers.
Vous l’aurez compris, Voyez comme on danse est une lecture que vous conseille fortement, croyez-moi vous passerez un délicieux moment.
[…] pages tout de même) était tout sauf agréable. Souvenez-vous du plaisir que j’ai eu en lisant Voyez comme on danse. Comment deux livres écrits par la même main peuvent-ils me faire éprouver des sentiments […]