Fred Vargas est un écrivain que j’apprécie tout particulièrement. Je l’ai découverte il y a une dizaine d’années avec le livre Pars vite et reviens tard que j’avais enchainé avec L’homme aux cercles bleus. A l’époque, ces deux romans m’avaient interpellée par leur écriture particulière et leurs scénarios loufoques, et se sont glissés dans un coin de ma tête. Plusieurs années plus tard je me suis replongée dans les Fred Vargas et j’ai pu les apprécier pleinement. A l’heure actuelle, il ne me reste que Coule la Seine à lire, en attendant la sortie d’un prochain roman. C’est donc avec regret que je ne vais pouvoir vous faire une critique de chaque livre lu. Ils mériteraient tous un article à part entière mais malheureusement j’ai peur que ma mémoire fasse défaut pour vous offrir une critique de qualité. Vu que je n’aurai plus vraiment l’occasion de vous reparler de cette écrivaine que j’affectionne tant, cet article est en quelques sortes un condensé de mes impressions.
Ce que j’aime par dessus tout dans les romans de Fred Vargas c’est qu’elle réussit l’exploit de nous montrer de réelles personnalités en faisant ressortir l’essence même de ses personnages. Ils prennent vie entre les pages, et l’on se plaît à anticiper leurs réactions et à connaître leurs petites manies, comme de vieux amis. C’est ce souci du détail qui est à la fois d’une vérité criante et férocement drôle. Car oui, on rigole en lisant du Fred Vargas. Tout du moins en ce qui me concerne, je me surprends à sourire tant certaines répliques et situations sont loufoques et écrites avec une sincérité touchante. Ce sont des romans policiers certes (Puisqu’il faut bien qualifier le genre d’un livre. Quoique Fred Vargas ait trouvé la dénomination de Rompol à ses récits), mais dépourvus de ce que beaucoup recherchent dans la lecture de tels romans, à savoir un suspense insoutenable et une fin inattendue. Pour autant, Fred Vargas crée des intrigues aux nœuds multiples et indénouables avant les dernières pages. Finalement, tout ne repose souvent que sur de très fines relations entre les évènements, les personnages ou les lieux, imperceptibles pour le lecteur et formant une toile dont l’étendue n’est visible qu’une fois le roman achevé. On suit les méandres de l’enquête à travers les réflexions sinueuses du commissaire Adamsberg, en nous demandant à quel moment tout va enfin prendre forme et sens. Non, les romans de Fred Vargas ne sont pas de simples policiers, ils sont empreints de poésie et l’auteur nous dresse un tableau à la fois imaginaire et finement réaliste, où l’on a envie d’évoluer avec les personnages, tous attachants car réveillant en nous des vestiges de l’enfance (Par exemple, la relation déroutante qu’entretient un ancien policier avec son crapaud Bufo).
Ce que j’apprécie aussi chez Fred Vargas c’est la régularité de ses romans. Pour tout vous dire, sur les onze romans lus à ce jour je n’ai jamais été déçue. L’auteur parvient toujours à nous faire voyager et à nous surprendre à travers ses histoires rocambolesques. Je dirais que soit le lecteur n’est pas du tout emporté par cette espèce de magie et dans ce cas il lui est difficile d’apprécier ces romans à leur juste valeur ; soit il est complètement transporté et alors la lecture devient un réel moment de plaisir. En somme, il est difficile de ne pas avoir un avis tranché. C’est aussi ça Fred Vargas, ne jamais laisser indifférent.
Le commissaire Adamsberg pensait que ses trois jours à Londres se résumeraient à ce colloque de flics auquel on l’avait convié. Il n’imaginait certainement pas trouver une vingtaine de chaussures et de pieds coupés, soigneusement alignés, en face des portes du cimetière de Highgate ! Tandis que l’enquête anglaise débute, les Français rentrent au pays et se retrouvent confrontés à un terrible massacre dans un pavillon de banlieue. Un premier coupable un peu trop idéal, un lien possible entre les deux affaires… Jusqu’où cette enquête entraînera-t-elle Adamsberg ?
Mon avis
Un lieu incertain nous fait voyager de Londres à Paris en passant par un petit village Serbe sur les traces d’un vampire voleur de pieds, soupçonné d’être lié à des crimes atroces aux modes opératoires similaires. C’est une histoire qui part dans diverses directions comme Fred Vargas nous y habitue. Cependant ce roman est particulièrement complexe à suivre et filandreux. Fred Vargas est allée à mon goût un poil trop loin cette fois-ci et aurait peut-être dû s’arrêter plus tôt sur le chemin de l’absurde. Ce roman est aussi plus lugubre que les autres avec des crimes vraiment atroces sous une atmosphère lourde et oppressante, et l’humour délicat que l’on aime retrouver se fait plus discret. Néanmoins, c’est toujours un réel plaisir de suivre les aventures de notre Adamsberg national, qui encore une fois ne va pas être épargné.