Je reviens parmi vous. Jusqu’à quand… telle est la question ! Je crois avoir déjà dit mille fois que le rythme de publication du blog était catastrophique. Ces derniers temps j’ai bien failli arrêter net. Je n’ai pourtant jamais cessé de lire, au contraire. Il y a environ une dizaine de livres dont je ne vous ai pas parlé… J’aurais tant de choses à vous dire à leur sujet, notamment sur Dans la forêt de Jean Hegland et Les garçons de l’été de Rebecca Lighieri, qui m’ont bouleversée ! Un manque de temps lié à un manque de motivation ont fait que j’ai laissé les jours s’écouler pour ensuite avoir l’excuse de « C’est trop tard, je ne m’en souviens plus ! » pour ne pas écrire d’article.
Tout ça pour dire que ma dernière lecture en date est celle qui fait actuellement le plus parler d’elle sur les réseaux (Ah ! Instagram !). Je ne vais pas présenter Agathe. Si vous êtes blogueurs, vous devez sûrement la connaître, pour les autres, vous la découvrirez à travers mon article. Agathe a récemment publié son premier « roman ». Au vu des très nombreux commentaires dithyrambiques, voire carrément fanatiques, que j’ai lus, je m’étais promis de laisser passer un certain temps avant de le découvrir. Puis, sont venus se glisser des avis positifs de lecteurs anonymes vantant l’histoire et son auteure. J’ai finalement cédé plus tôt que je ne le pensais. Et puis, Agathe tient un blog littéraire et a publié un premier roman, je tiens un blog littéraire et j’ai publié un premier roman, je serais bien vilaine de ne pas la lire 🙂 !
Résumé de l’éditeur
L’une est blonde, secrète et bourgeoise. Au lycée, on la surnomme Brigitte. L’autre, extravertie et instable, répond au nom de Brune. Toutes deux sont encore des jeunes filles pleines d’avenir. Ensemble, elles se le promettent, elles pourront tout vivre. Traversant les années folles de la jeunesse, elles découvrent la joie d’aimer, de danser, de rire et de boire jusqu’au petit matin en rêvant à leurs destins de femmes. Mais un étrange jour d’été, tout s’arrête brusquement. Sans donner aucune explication, Brigitte rompt leur amitié et disparaît.
Les années passent mais n’effacent pas la douleur de l’absence. Lorsque Brune tombe enceinte, le moment est venu de comprendre ce qui s’est joué entre elles, ce qui les a unies puis séparées. D’autant que Brigitte, dont elle n’avait plus la moindre nouvelle, revient la hanter : dans ses rêves, elle aussi attend un enfant…
Mon avis
En premier lieu, je ne peux qu’applaudir le talent d’Agathe Ruga. Elle sait écrire. Elle sait bien écrire. Plusieurs fois, je me suis arrêtée de lire pour admirer sa maîtrise de la narration. Sa plume est sublime, son texte est fluide, dense et parfaitement rythmé. Elle allie avec brio les descriptions, les images, les références, les envolées, attrape le lecteur pour ne plus lâcher. Elle séduit avec intelligence ; connaît son texte, sait exactement quelles voies emprunter pour attirer et accrocher. La construction est étudiée, d’une finesse hallucinante. Les chapitres se succèdent avec un naturel déconcertant, dans des allers-retours temporels qui représentent des pirouettes souples et gracieuses, mettant toujours plus en avant les personnages de cette histoire qui alors se détachent du papier pour devenir de parfaits êtres de chair et d’os. Pour un premier écrit, je suis stupéfaite de tant de perfection.
J’ai lu cette histoire sans pouvoir lâcher le livre, parce qu’Agathe a tout fait pour ne pas qu’il en soit ainsi. Je ne voulais pas la quitter. Si elle n’avait été cette blogueuse dont on parle tant, à la carrière millimétrée et presque écrite, si elle n’était ce personnage adoré d’un lectorat quasiment sectaire, si Brune n’était pas elle, s’il s’agissait d’un vrai roman, j’aurais continué à le vanter, à vous sommer de le lire, absolument. Mais…
Vous vous doutez bien qu’il y a un mais, un gros Mais imposant et de plomb qui ne se réduit pas à un simple bémol vite oublié. Ce mais réside dans la nature même de cette oeuvre, dans ses racines, dans son essence, dans ses motivations, dans son objectif. ; dans tout ce qui l’entoure et en même temps tout ce qu’il contient. La forme est excellente, sans erreur, précise. Le fond m’est insupportable.
Le peu que je sais d’Agathe, c’est-à-dire ce qu’elle dévoile d’elle et de sa vie sur Instagram, se retrouve dans son roman : son âge, son physique, sa première fille (son âge, sa description physique, même le petit grain de beauté sous l’œil), ses études de médecine, son métier d’avant, le fait qu’elle ait eu un premier mari, sa passion des bouquins et de l’astrologie, son blog, son éditrice ! Bref. Il me semble qu’Agathe fait tout pour que l’on sache que ce qu’elle écrit est véritable, qu’il ne s’agit non d’un roman mais bien d’une auto-fiction. Sans jamais l’avouer vraiment, et en nous baladant à coup de
« réalité et fiction s’entremêlent, il ne faut pas chercher à savoir ce qui est vrai, bla bla bla… ». Il n’empêche, si elle avait réellement voulu raconter une histoire en préservant son entourage et sa propre intimité, elle aurait camouflé les éléments majeurs constituant son identité sur le net (et très simples à retrouver) ! De fait, si tout ce que je connais d’elle se retrouve dans le livre, inévitablement le reste ne peut qu’être vrai. Et c’est là que je suis gênée, embarrassée, mal à l’aise. Dans ce déballage impudique, il y a un
« regardez-moi » odieux, en plus d’un acharnement injuste, un peu pervers même, envers ceux qui ont croisé sa route ; j’en ai été écœurée.
J’ai détesté l’héroïne, j’ai détesté Brigitte, j’ai détesté beaucoup de monde dans cette histoire, j’ai détesté cette jeunesse qui s’enivre de champagne à seize ans tout juste, qui baise, qui boit, qui vit dans une ivresse permanente, des sens et des corps, qui fume comme elle respire, qui se regarde dans le miroir, se maquille, se démaquille, s’habille de paillettes, chute avec des talons, est injurieuse, provocante, se croit déjà adulte et raisonnée… Cette jeunesse somme toute bien éloignée de celle que j’ai eue, et de celle de nombre d’entre nous, puisque puant l’argent ultra facile, mais qu’importe, on ne lit pas pour revivre son passé, ce serait beaucoup trop triste. En outre, j’ai moi aussi entretenu ce genre d’amitié adolescente extrême et possessive, j’ai subi la rupture, j’ai ruminé des jours, des mois, des années avant l’apaisement, aussi j’ai parfaitement compris le message, l’urgence de mettre en mots les contradictions, de revenir sur les plus belles années d’une des périodes les plus riches de sa vie, j’ai été touchée par la fulgurance des colères, des amours, des corps en éveil…
Cependant, dans ce contexte, il m’est pénible de détester l’héroïne, car après ce que je viens de dire, cela m’amène à constater que c’est sans doute vers l’auteure elle-même que ce sentiment se dirige. Ce texte m’a beaucoup questionnée sur l’injustice émanant du pouvoir d’écrire sur les autres, quand eux n’ont ni le talent, ni la prétention, ni l’envie, ni les capacités, ni les connaissances pour le faire et être publiés. Ainsi, le succès instagramé et formaté de ce livre me dérange profondément. Je suis d’ailleurs très étonnée que personne n’ait réellement mentionné la problématique que je soulève. Comme si les individus réels, qui sont le sang du livre, étaient contraints de terminer leurs jours sous les traits de purs personnages, qu’il fallait les considérer comme tels et laisser de côté la possible souffrance, ou le mal être, que ce pavé jeté dans la mare ne manquera pas d’induire ; pour moi, c’est comme un crime.
Tout n’est pas bon à dire, tout n’est pas bon à être diffusé. Il me paraît peu sain d’exposer sa vie aussi ouvertement et de régler ses comptes sans laisser la possibilité à l’Autre de donner sa version, de contredire, d’émettre des précisions, de dire « Oui, mais… » . Car, c’est selon moi bien l’objet de ce texte. La narratrice a une fâcheuse tendance à remettre la faute sur toutes les personnes qui l’ont entourée, à se rendre superbe, supérieure, divine, celle qui a pu renaître de ses cendres, s’élever socialement, professionnellement, sentimentalement. Je plains Brigitte… qui aura sans aucun mal découvert qu’elle se retrouve l’un des personnages principaux d’une histoire torturée, la sienne, qu’elle n’aurait certainement pas souhaité voir étaler de cette matière, et donc être jugée, critiquée, remodelée, transmise comme un fait divers pour nourrir les remords d’anciennes adolescentes. Je suis peinée pour cette jeune femme, ainsi que pour l’ex-mari, la mère, le père, même le conjoint actuel, et la petit fille… Je ne supporte pas l’idée de raconter malgré elles des personnes bien vivantes, qui se souviennent et n’ont rien demandé. Qu’en est-il de la bienveillance ? Je crois d’ailleurs avoir soulevé ce problème avec le magnifique Rien ne s’oppose à la nuit de Delphine de Vigan. Parfois, il vaut mieux garder pour soi ce genre de texte, ou bien disperser ce qui a trop besoin d’être écrit dans d’autres récits, de manière à rendre l’évidence moins visible, autrement dit
« Ceux qui savent se reconnaîtront, les autres ne le sauront jamais
». Or, là, tout le monde sait, tout le monde reconnaît, puisque c’est écrit sous des photos aux centaines de likes ; les clefs de l’histoire sont livrées sur un plateau par une Agathe qui a l’air de s’en moquer. Le pouvoir cathartique de l’écriture n’est pas une nouveauté, mais il vaut mieux être discret afin de ne pas heurter les êtres que l’on détrousse. Le lecteur doit ignorer ce qui foisonne en nous et nous pousse à écrire.
Si un jour Agathe nous offre une fiction, une vraie, j’aurais grand plaisir à la lire. Mais je devrais oublier le fait que, peut-être, je ne pourrais être amie avec l’auteure. Jamais je n’aurais dû me poser la question, car la réponse m’indiffère, mais Agathe nous force à prendre position : pour une première confrontation avec son lectorat c’est plutôt osé. Cette amitié déchue devait rester dans son cœur, dans ses souvenirs, mourir dans les conversations du soir avec son conjoint, dans ses carnets secrets, c’est tout.
Sous le soleil de mes cheveux blonds me place dans une situation totalement inédite, qui surpasse carrément le champ de la littérature et renforce ma position selon laquelle : pour apprécier un récit il vaut mieux ne pas connaître l’écrivain, et la littérature que j’aime n’est certainement pas celle qui se contemple le nombril.
Et vous, l’avez-vous lu, prévoyez-vous de le lire ?
Merci pour cet avis très franc ! Je ne prévoyais pas de le lire (l’omniprésence de certain.e.s bookstagrameur.ses stars sur les réseaux m’agace un peu, par jalousie certainement) mais je ne le savais pas si réel et capricieux… Il a partout été présenté sous les termes de « fiction », de « roman », je croyais qu’il était pure création…
Eh oui… J’avais compris que l’histoire était plus ou moins inspirée du vécu d’Agathe, mais il a effectivement tellement été dit qu’il s’agissait d’un roman que la déconvenue a été immense. J’ai l’impression qu’elle en joue un peu trop, ça ne me paraît pas très honnête…
Quant à ce que tu soulèves par rapport à Instagram, je te rejoins parfaitement… C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai d’ailleurs déserté ce réseau pendant plusieurs semaines. Je ne m’y retrouve plus vraiment, je ne m’y suis d’ailleurs jamais vraiment retrouvée. Je regrette l’époque où les blogs étaient les seuls espaces de création et d’expression pour les amoureux des livres 🙂
Agathe est devenue une icône, certains emploient des termes très très forts pour la décrire… C’est parfois extrême cette fascination qu’elle suscite !
Quant à ta jalousie, elle n’a pas lieu d’être. Tes articles sont des bijoux de style 😉
Ohhh merci, cela me touche vraiment ! <3
Je regrette aussi cette époque, je ne me retrouve pas du tout dans le marketing instauré sur instagram, et j'ai choisi il y a peu de me désabonner des bookstagrameuses les plus influentes pour ne plus voir les mêmes titres partout, tout le temps, invariablement couverts d'éloges. Et ça m'a fait beaucoup de bien !
🙂
C’est le problème des envois de services presse… Par exemple, on commence déjà à parler de la Rentrée littéraire de septembre !!!! ça me rend dingue !
Je n’ai pas l’intention de le lire, le sujet ne m’intéresse pas particulièrement et le côté phénomène de mode me fait fuir.
Je suis aussi Agathe sur Instagram mais je n’étais absolument pas consciente de son statut je dois dire… Bon je ne suis pas la personne la plus intégrée dans la communauté littéraire non plus, surtout sur ce réseau où je ne me sens pas non plus spontanément super à l’aise.
Et sinon, j’espère que tu ne vas pas arrêter, même si tu ne publies pas très souvent, c’est quand même toujours un plaisir de te lire:-)
Merci beaucoup Magali 🙂
Je vais essayer de m’y remettre petit à petit !
Je ne me suis jamais abonnée à son compte parce que, justement, sur ses photos elle avait un air de narcissisme très très présent qui me mettait mal à l’aise. Après je suis fascinée par les recherches psychologiques, scientifique, sociales, des phénomènes que causent les réseaux sociaux et le narcissisme revient souvent. Ca ne m’étonne même pas ce que tu dis. C’est certainement pour ça que je n’ai pas acheté le livre même si la première page était si bien écrite.
Le lien entre réseaux sociaux et narcissisme c’est un peu comme l’œuf et la poule. C’est fascinant, c’est vrai ! Je crois que pour « percer » il faut se montrer, parler de soi, que ce soit pour vendre un rouge à lèvres, un jean, un parfum ou… un livre ! Agathe est une très belle femme, son physique joue beaucoup. D’ailleurs, le nombre de commentaires mentionnant sa beauté est stupéfiant ! Si elle avait été moche, est-ce que…
Bref, son livre fait parler en tout 🙂
Pour te répondre, il n’y a pas que la première page qui est bien écrite. De la première à la dernière, la plume est excellente !
Quel avis intéressant !
J’avoue que j’hésite à le lire, en tout cas je voulais attendre un peu que la « folie » pour ce livre se calme un peu, pr le lire à tête reposée. Je suis d’ailleurs d’accord avec toi pr le côté parfois sectaire de bookstagram qui peut être assez étonnant.
J’aime beaucoup les chroniques d’Agathe, et si j’ai envie de lire son roman, c’est essentiellement pour sa plume, et la forme que tout le monde loue.
Pour ce qui est de l’histoire en revanche elle ne m’intéresse pas trop, voilà pourquoi j’hésite à le lire. D’après Le résumé et les critiques dithyrambiques, on comprend tout de suite qu’il s’agit de sa vie comme tu le dis, et j’ai l’impression de déjà tout connaître de l’histoire alors une partie de moi se dit « à quoi bon »…
Tu as bien raison de vouloir la lire pour sa plume, car elle vaut le coup 🙂 Reviens me dire ce que tu en as pensé quand tu l’auras lu alors 😉
Je n’ai pas encore lu ce livre mais ai prévu de le lire, plus tard. Je n’avais jamais vu/lu/entendu qu’il s’agissait davantage d’un livre autobiographique que d’un roman. L’écueil dans les deux cas, reste le fait de mettre au jour des relations au grand jour sans que le ou les tiers puissent avoir voix au chapitre. Ton avis me fait un peu penser à « Sujet inconnu » de Loulou Robert, où là, indépendamment du fond que je n’avais pas aimé en raison du caractère de l’héroïne, j’avais passé mon temps à me demander si l’auteur ne parlait pas d’elle….
Les auteurs parlent toujours beaucoup d’eux XD !
Je croyais que tu l’avais déjà lu celui-ci…
Un plaisir de te relire ici Corentine. Tu n’y vas pas de main morte sur cette pauvre Agathe et ça lui fait de la pub. Moi-même je n’avais jamais entendu parler d’elle ! Je poste mes critiques sur Babelio à l’ancienne et je me limite à y lire les autres critiques sur les bouquins qui me plaisent. Ta critique m’a inspiré une micro nouvelle…car le monde des youtubeurs et instagrameurs me fascine de plus en plus.
Martha ose
« Martha ose », c’est le nom de la chaine YouTube que je viens de créer. Les success-stories des blogueurs, vlogeurs, instagrameurs commencent à me rendre verte de jalousie. Quand je pense que Virginia Wollf n’a vendu « To the Lighthouse » qu’à trois mille exemplaires (et encore c’était un succès en comparaison de Mrs Dalloway) !
Agathe Ruga, 13 000 abonnés à son compte instagram et publie son premier roman chez Stock « sous le soleil de mes cheveux blonds » ; la blanche de Gallimard sort « Licorne » le premier roman de Nora Sandor dont l’héroïne est une droguée des réseaux sociaux ; le président parle sur une chaine YouTube et le ministre de l’Éducation nationale a des contrats avec des youtubeurs (800 à 1000 € les 5 à 10 min de vidéo). Je n’ose même pas vous parler des stars qui engrangent des millions de vue pour quelques blagues ou moments de leur vie intime. Il est temps que Martha fasse entendre sa voix, ma voix. Martha ose.
J’ai balayé toutes les objections autour de moi (c’est trop tard, tu n’y arriveras pas, ce n’est pas de tout repos), suivi des formations (les 7 erreurs à éviter, comment augmenter son trafic, persévérer après un premier échec), acquis le matériel et les modes d’emploi (montage, capture d’écran, retouche photo). Quelques soucis avec le choix de ma thématique, mes centres d’intérêt sont si nombreux : de la botanique à la généalogie en passant par la lecture et la politique, j’ai opté pour la négation : « Martha ose » la chaine qui ne parle de rien qui fait le buzz. Il faut dire que même mon physique ne risque pas d’accrocher le chaland, j’ai donc décidé de me filmer de dos.
Dix abonnés ce matin, c’est un début ! Pour ma première chronique, j’avais choisi une mise en parallèle de « To the Lighthouse » de V.W. avec « Le temps retrouvé » de M.P. autour de l’influence de la Grande Guerre dans la vie des écrivains. La semaine prochaine, je tenterai un parallèle entre « Je ne l’oublierai jamais » de MD et « Sérotonine » de MH, deux manières d’afficher son désœuvrement dans le siècle, à un siècle de distance.
Personne autour de moi n’a envie de travailler, ils veulent tous être artistes, travailler à mi-temps tout en affichant un style de vie de millionnaires. Cela me tracasse, mais comment saisir les raisons profondes de cet air du temps d’individualisme et de succès facile. Me fascine aussi. Car maintenant, je les suis, ces blogueurs, vlogeurs, instagrameurs. Je passe mes journées dans la lumière bleue de mon écran en espérant la pleine lumière des projecteurs.
Le premier commentaire reçu m’a un peu refroidie. Je sais que ça balance beaucoup sur les réseaux sociaux, mais tant de haine m’a fait réfléchir. Jamais personne n’avait osé me dire cela en face ; que mettre « le temps retrouvé » au-dessus de « to the lighthouse » était une insulte au féminisme ; que l’ apologie du sens politique d’une pédale dégénérée contre l’intimisme d’une femme qui avait payé son talent de la folie et du suicide, une ignominie ; qu’on se désabonnait de ma chaine pour ringardise pure et simple.
Je suis en phase de réflexion avant de poursuivre.
Eh bien ! Premier commentaire de ce genre… Si mes articles inspirent tant que cela, quelle joie !
Martha va-t-elle percer sur Youtube ? Si son dos n’est pas trop vilain et qu’elle a une belle voix, peut-être 😉
à bientôt sur Martha ose ! amitiés.
Je découvre ton blog par cet article, et je plussoie ton opinion !
Je n’ai pas lu ce roman, je ne le lirai pas, je ne suis donc pas en mesure de juger la qualité de plume…mais j’approuve ton analyse, je n’aimerais pas être à la place de la copine et de la famille d’Agathe.
J’ajoute, pour être honnête, avoir fait les frais de l’auto-idôlatrie de la déesse et de son abjecte ambition. Une fille aux dents longues qui ne recule devant rien pour entretenir sa légende et qui en profite pour tromper son monde (dentiste ou assistante dentaire ? chroniqueuse littéraire comme elle l’a prétendu, sans carte de presse, alors qu’elle n’est que blogueuse ?)
Je trouve aussi qu’il y a quelque chose de malsain derrière le personnage mais je crains que son fan-club ne s’en soit pas rendu compte…
en tout cas, ça fait du bien de lire ta chronique, pour une fois que ça recadre le truc…
Bonjour Virginie,
Je ne me permettrais pas d’aller jusque-là dans mon jugement… Même si ce son livre en dit beaucoup sur elle, et qu’on est en droit de ne pas l’aimer, je ne connais pas Agathe personnellement et je ne souhaite pas lui porter préjudice d’une quelconque manière. Je comprends néanmoins ce que tu peux ressentir face au « personnage » qu’elle s’est créé via les réseaux, son côté très « star », assumé et exploité.
Il me semble par contre qu’elle était bel et bien dentiste, cette information n’est pas difficile à vérifier !
je dois être à côté de la plaque parce que je ne connais pas cette Agathe! Mais j’aurais bien aimé que tu me parles de Dans la forêt qui est un de mes livres préférés depuis que je lis 🙂
Tu connais peut-être son blog : agathethebook
Ah oui ! J’aimerais beaucoup vous parler de ce roman… Je l’ai terminé il y a plus d’un mois, je ne suis pas certaine de pouvoir vous livrer une critique complète. Même si j’en garde un souvenir poignant, j’ai peur d’omettre des éléments. Je vais essayer d’écrire quelque chose à son sujet parce qu’il le mérite beaucoup trop!
Je le note mais ce ne sera pas une priorité. J’avoue que c’est surtout ton très bon article qui m’intrigue et me donne envie de le découvrir. Au risque de passer pour une ignarde, je ne connais pas (et ne suis pas) l’auteur…
Merci ! On ne peut pas connaître tout le monde 😉 Si jamais tu le lis, reviens me dire ce que tu en auras pensé alors !
ah oui j’aurais aimé te lire au sujet de Dans la forêt (que j’ai tellement aimé!) et des Garçons de l’été (qui m’a déçue)… J’ai moins de temps aussi 🙁
Je ne suis pas du tout cette blogueuse mais à plusieurs reprises je me suis posée la question de la « véracité » de ce qu’elle décrivait et tu confirmes ce que je pensais.
Je te rejoins, je trouve ça problématique d’étaler sa vie comme ça, surtout qu’elle se remet peu en question et se donne vraiment le beau rôle. Et j’ai également détesté le personnage principal que j’ai trouvé d’un égoïsme hallucinant, difficile donc d’adhérer pleinement à l’histoire… Et je ne me reconnais pas non plus dans cette jeunesse à qui on offre un studio pour leurs 17 ans, ça me rassure de ne pas être la seule !
Je suis tout à fait d’accord avec ta réflexion sur le mélange réalité/fiction ! Je ne connaissais pas cette blogueuse mais en lisant je me suis demandée quelle était la part de réalité dans ce roman et ce que tu dis confirme ce que je pensais.
La narratrice est effectivement détestable (de mon humble point de vue) et je ne me reconnais pas dans cette jeunesse qui se soûle au champagne et se voit offrir des studios à 17 ans… et, sachant qu’elle s’inspire grandement de sa vie, il est problématique qu’elle se donne à ce point le beau rôle. Comme tu l’as souligné, il y a peu de remise en question de sa part, c’est une héroïne et les autres sont défaillants (grosso modo).
Je suis contente de trouver quelqu’un qui partage mon avis plus mitigé !
Merci pour ton retour 🙂
Les avis mitigés sont plutôt rares c’est vrai…
Quand on ne se reconnaît pas dans le narrateur c’est très très difficile d’apprécier son histoire…
J’ai été particulièrement fascinée par le passage « Ce texte m’a beaucoup questionnée sur l’injustice émanant du pouvoir d’écrire sur les autres, quand eux n’ont ni le talent, ni la prétention, ni l’envie, ni les capacités, ni les connaissances pour le faire et être publiés. ». Cette partie m’a beaucoup questionné sur les différents points de vue sur ce qui fait qu’un auteur se mette à écrire et surtout ce qui fait qu’il réussisse. De mon point de vue, toutes les personnes peuvent devenir auteur du moment qu’elle savent lire et fournissent le travail suffisant pour y arriver. Je me demande ce qui fait qu’un homme puisse être auteur et ce qui fait qu’un auteur ai des lecteurs.
J’ignorais que l’auteure était une instagrameuse, je n’ai pas trop suivi ! Du coup, je te comprends tellement. Ayant moi-même un blog, je me trouve déjà « poseuse » et il m’arrive de me demander s’il s’agit véritablement d’un partage ou d’un « lisez-moi, regardez-moi). Dans le cas que tu décris, j’aurais été super dérangée par le côté ich ou mein, c’est moi ! Et puis, la jeunessse dorée, la golden girl et tout le toutim, c’est pffff. Suis pas certaine que je vais le lire du coup, mais le bouquin m’a permis de découvrir ton blog : un vrai bonheur ! 🙂
J’ai pris beaucoup de plaisir à lire cette critique. Ton style franc et direct sont efficace. Ce qui fait que je visiterai désormais ton blog régulièrement c’est la précision et la justesse de tes arguments. Franchement bravo. Une lectrice-blogueuse depuis la Côte d’Ivoire.
Un grand merci pour cet adorable commentaire. Comme tu as pu le constater, mon blog est en « pause » depuis plus d’un an… Les commentaires que je reçois depuis me poussent régulièrement à le reprendre. En tout cas, je suis ravie de voir que certains comme toi continuent d’y trouver un peu d’inspiration. Bonne journée
Bonsoir
Bon, je viens légèrement après la guerre au vu de la date de ton article. Je m’apprête à lire ce livre, et après t’avoir lue ainsi que d’autres critiques, j’ai maintenant envie de lire ce bouquin que d’avaler mon chewing-gum ( prix des lecteurs livre de poche 2020 oblige…). Je ne connais pas l’auteure, même si de temps à autres j’erre du côté d’Instagram, je n’ai donc aucun avis sur elle. En revanche, et tu n’es pas la première à le relever, cet air de règlement de compte m’insupporte d’avance. La littérature n’est pas le lieu pour cela. Merci pour cette chronique sans parti pris, à moi de m’en faire 1 idée, maintenant.