Vous vous souvenez peut-être que je suis restée sur un avis en demi-teinte suite à deux lectures m’ayant laissé des impressions bien différentes. Tout d’abord, Deuils de miel qui ne m’a pas franchement convaincue, puis Vertiges que j’ai adoré malgré une fin décevante.
Je reviens aujourd’hui avec L’anneau de Moebius. J’avais envie de départager mes deux sentiments, et j’avais le pressentiment que ce livre m’aiderait beaucoup.
Qu’en est-il ?
Résumé de l’éditeur
Pour sa première enquête, Victor Marchal aborde son métier de flic par sa face la plus noire : une ex-star du porno torturée, une mise en scène macabre, et une plongée dans le monde interlope des déviants sexuels et des monstres de la nature. Depuis toujours, Stéphane Kismet est, quant à lui, hanté par des images prémonitoires mais cette fois elles obéissent à une indéchiffrable et terrifiante logique. Dans ses rêves, Stéphane possède une arme, il est recherché par la police, une petite fille est morte…Les trajectoires de Victor et Stéphane vont se rejoindre. C’était écrit. L’un n’a encore rien vu, l’autre ignore qu’il sait déjà tout…
Je vais tout de suite rentrer dans le vif du sujet, j’ai été époustouflée. C’est pratiquement un sans-faute que nous signe là Thilliez, une petite merveille. J’ai été happée par l’histoire dès la première page. Franck Thilliez offre à ses lecteurs un préambule nous avertissant d’être bien attentif aux dates mentionnées en début de chapitre. Il ne fallait pas me le dire deux fois. Cette mise en garde m’a piquée au vif. Bien joué Monsieur Thilliez.
Ensuite, et durant les 600 pages que comporte ce livre, j’ai été totalement aspirée par le scénario. L’anneau de Moebius est le genre de livre qui vous poursuit durant la journée, qui vous attire comme un aimant, et qui continue son chemin dans votre tête de manière incontrôlable. Je n’attendais qu’une chose, c’était de pouvoir replonger dedans le soir venu.
L’anneau de Moebius nous présente deux histoires parallèles, qui semblent n’avoir a priori aucun lien entre elles. Nous suivons d’un côté Stéphane Kismet, qui est aux prises avec des rêves prémonitoires, dont celui où il est recherché par la police pour avoir tué une petite fille. De l’autre, nous avons Victor Marchal, tout jeune policier, dont la première enquête tourne autour du meurtre sordide de deux jeunes femmes. Cette affaire nous emmène sur des chemins obscurs dont le pavage est constitué de maladies congénitales, de déviances sexuelles et de la perception que l’on a de son propre corps . Le récit évoque un nombre de maladies impressionnant qui vous fera peut-être, si vous êtes aussi curieux que moi, entamer des recherches annexes. Le thème de la différence physique est abordé de manière très crue, Franck Thilliez ne ménage pas ses lecteurs mais évite un voyeurisme malsain.
Il est important de préciser que l’histoire flirte étroitement avec le surnaturel. Cet aspect concerne cette fois-ci le personnage de Stéphane Kismet. Le rêve, la perception du temps, la possibilité ou non de modifier ce qui est de l’ordre du passé, voilà ce qui constitue le fond du livre, ce qui en fait sa substance et tout son intérêt. Ce thème s’avère être, en littérature, à double tranchant. En effet, soit l’auteur maîtrise son intrigue dans les moindres détails, soit il se laisse complètement dépasser par son histoire et alors celle-ci déviera inévitablement vers des incohérences. Ici, nous avons affaire à une intrigue qui tient parfaitement la route, sans pour autant être réaliste j’entends, quoique. Je me suis amusée à relever des petits détails afin de piéger l’auteur, pensant qu’il les aurait peut-être oubliés, eh bien absolument pas, ces petits détails justement, sont d’une importance cruciale car constituent la toile dans laquelle Stéphane s’emmêle petit à petit. Il va se retrouver totalement pris dans un piège qu’il a créé de toutes pièces et dont il découvre les rouages petit à petit. A certains moments, j’ai eu envie de lui crier ce qu’il devait faire et surtout ne pas faire, car j’ai vite compris où allait le mener ses pérégrinations. En ayant un regard extérieur, il est facile de se rendre compte que les réactions de notre héros sont vaines. Mais à sa place nous aurions certainement tous agi de la même manière, et c’est ce qui rend le scénario crédible et efficace.
Concernant les personnages de ce livre, ils ont des personnalités franches aux contours nets, en tout cas ils nous sont décrits comme tel. Mais j’ai constaté qu’ils étaient totalement assujettis à l’histoire, dans le sens où c’est la mécanique dans laquelle ils évoluent qui les façonne et les module, les rendant plus malléables que ce que l’on aurait pu penser. L’intrigue est tellement puissante que les personnalités les plus affirmées se retrouvent dépassées par ce qu’elles vivent, tandis que les traits de leur caractère s’effacent petit à petit. Etrangement, j’ai trouvé qu’il n’y avait pas un personnage qui prenait le dessus par rapport aux autres. Les femmes de Stéphane et Victor s’avèrent être indispensables, tout comme les membres de la brigade, qui ne sont d’ailleurs pas trop nombreux et c’est tant mieux.
Par contre, je dois vous parler d’une crainte qui a marqué ma lecture jusqu’à la fin. En effet, j’ai eu cette étrange impression persistante que le final allait forcément me décevoir. J’ai imaginé plusieurs issues possibles. L’histoire est si complexe, si difficilement dénouable, que j’ai effectivement douté de la manière dont Franck Thilliez avait choisi de clore son récit. Eh bien, malgré mes doutes, mon appréhension même, le dénouement m’a pleinement satisfaite. L’auteur l’a amené avec douceur, sans brusquer le lecteur, et c’est appréciable. J’exècre les fins brutales qui s’avèrent trop souvent décevantes. Néanmoins, l’épilogue ne me parait pas nécessaire, et apporte ce côté spectaculaire légèrement excessif que je ne souhaitais pas. C’est dommage car cela me laisse une impression qui ne reflète absolument pas mon sentiment général.
L’anneau de Moebius est un livre complexe comme je les aime, orchestré d’une main de maître avec une intrigue puissante et parfaitement menée. J’ai vraiment senti tout le travail qu’il y a derrière ce livre, toutes les heures de réflexion, d’assemblage, d’hésitations. Certes ces choses-là se perçoivent à la lecture, mais le résultat est d’une netteté et d’une précision rares. Je tiens à dire qu’il faut tout de même rester attentif jusqu’à la dernière page, car l’histoire n’est pas évidente à appréhender, et se corse à chaque chapitre, m’obligeant à effectuer des allers-retours dans le récit.
Après Vertiges qui avait suscité en moi des émotions vives, j’ai été convaincue par L’anneau de Moebius et ai retrouvé cette montée en puissance et cette tension qui m’avait tant plu. Vous pouvez d’ores et déjà être sûrs que je reviendrai vous présenter un nouveau livre de Franck Thilliez.
Avez-vous lu L’anneau de Moebius ? Qu’en avez-vous pensé ?
Un roman passionnant et qui m’avait un peu perdu pour le côté scientifique. Complexe effectivement mais avec l’auteur on apprend toujours au cours de ses lectures.
Oui, le côté scientifique peut être assez difficile à appréhender, il faut bien s’accrocher sous peine d’être complètement larguée ^^
[…] davantage Thilliez quand il sortait des sentiers battus, notamment avec Puzzle, Vertige ou L’Anneau de Moebius qui m’ont scotchée. La chambre des morts est scolaire, loin d’être exceptionnel, mais […]
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