Traumatisée par un viol récent, Carol Jordan dirige une nouvelle brigade d’élite où chacun, la sachant fragilisée, met en doute ses capacités. Sa première enquête la conduit à traquer un violeur particulièrement pervers, pour qui rien n’est plus exquis que la souffrance des autres… L’aide de Tony Hill, psychologue profiler, lui sera indispensable pour démêler une intrigue qui repose sur la manipulation mentale.
Mon avis
Pour commencer, je dirais qu’il m’a bien fallu 60 pages pour rentrer pleinement dans l’histoire, à partir du premier meurtre de prostituée. Le roman commence avec l’enquête sur la disparition de deux enfants. J’ai vite senti que celle-ci n’allait pas être le centre de nos préoccupations. Mais alors, pourquoi débuter le roman par des évènements qui passeront au second plan rapidement ? Il y a deux intrigues parallèles mais ne s’entrecroisant jamais ; l’une surpassant largement l’autre, qui perd vite son intérêt. Je me demande pourquoi l’auteur a fait un tel choix car c’est au détriment de l’intrigue principale qui aurait pu être largement plus approfondie.
Nous avons donc affaire à des meurtres sordides de prostituées, encore et toujours des prostituées, ça en devient lassant depuis que Jack L’Eventreur a lancé la mode. D’autant plus que je suis ressortie de ma lecture frustrée de ne pas connaître les motivations profondes du tueur. Pourquoi s’attaquer à des prostituées ? Nous n’en saurons rien. Tout comme nous n’en apprendrons que très peu sur les méthodes employées par le tueur, sur son passé, sa famille, son histoire, pourquoi il en est arrivé là. C’est d’autant plus dommage que l’un des personnages principaux est un psychologue, profiler à ses heures perdues.
De plus, le récit souffre de quelques incohérences, de temps et d’espace. Le fonctionnement de la brigade en action dans ce livre est particulièrement étrange ; les réactions des uns et des autres sont inattendues, les personnalités peu avenantes. Il n’y a pour ainsi dire aucun esprit d’équipe, pas vraiment d’entraide, beaucoup de jalousie et de concurrence entre les membres, qui sont tous imbuvables. En outre, se rajoute à cela beaucoup trop de bavures qui font vaciller la crédibilité du récit et font avancer l’enquête à la vitesse escargot. La façon de décrire celle-ci est pour le moins originale. Les personnages font preuve de peu de réflexions, étant tous aux prises avec leurs propres démons, ce qui provoque parfois un désinvestissement total de leur rôle dans l’enquête. J’ai pourtant apprécié le fait que le livre ne se cantonne justement pas à l’intrigue policière, nous permettant de naviguer à travers la vie de plusieurs personnages, mais j’aurais aimé en apprendre davantage. J’ai eu l’impression de ne faire que survoler le cœur du roman.
Enfin, je n’ai pas ressenti de réel suspense, ni ce sentiment d’ « urgence » que l’on peut rencontrer dans ce genre de roman, ni angoisse, ni impatience, hormis lors de la scène du « piège » tendu par la brigade au tueur, qui vient mettre un peu de piment dans cette soupe plutôt fade avant la 250ème page. J’ai de plus trouvé la fin décevante, les 30 dernières pages me paraissant inutiles une fois que l’on a mis un visage sur ces crimes.
Je reste quelque peu interloquée. Je ne peux pas dire que je n’ai pas apprécié La souffrance des autres car je l’ai lu avec une certaine avidité, voulant quand même connaître la fin (découvrir le tueur en somme). Ce roman est loin d’être mauvais malgré les reproches que je lui adresse, il y a beaucoup de bonnes choses. Le manque d’originalité de l’intrigue étant compensé par des méthodes policières quelque peu surprenantes et une manière d’aborder l’horreur des meurtres propre à l’écrivain, ce qui parvient à nous maintenir en haleine jusqu’à la fin.