Après La plus que vive de Christian Bobin, voici le deuxième livre de la box que j’ai reçue. Livre et auteur que je ne connaissais pas non plus, mais tout le plaisir est dans la découverte n’est-ce pas.
Pour échapper à la Gestapo, Eliska, une jeune et brillante doctoresse tchécoslovaque, lie dans l’urgence son destin à un homme fruste, force de la nature, vendu par ses parents à l’âge de quinze ans. Quittant ainsi une vie pleine de promesses, un amant bien en vue et une belle carrière, Eliska rejoint dans les montagnes un village aux usages d’un autre temps. Pourtant, et contre toute attence, ces deux êtres vont se découvrir, tel la Belle et la Bête, et apprendre à s’aimer dans un paysage comme en suspens au-dessus de la catastrophe européenne.
Mon avis
Ce roman est assez court, et c’est vraiment dommage car une centaine de pages supplémentaires n’aurait pas été superflue. C’est assez rare pour le souligner.
L’histoire se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale, en Tchécoslovaquie. Petit point négatif de ce côté-là, les prénoms tchèques ont été pour ma part difficiles à retenir, je me suis quelque peu perdue dans les personnages. Nous découvrons Eliska, jeune femme vouée à un brillant avenir de médecin, mais qui va être contrainte de fuir cette situation pour suivre un de ses patients dans son village et se marier avec lui. Elle devra alors changer d’identité et se construire une nouvelle vie aux antipodes de sa précédente.
J’ai beaucoup apprécié cette histoire, la manière donc elle nous est présentée. Le ressenti d’Eliska est parfaitement bien retranscrit, son appréhension pour ce village qu’elle ne connait pas, aux habitants rustres au premier abord. Petite fleur au milieu d’un univers sauvage et rude. Le personnage d’Eliska m’a plu, par sa fraîcheur, sa détermination, ses espoirs mais surtout sa capacité d’adaptation surprenante et son abnégation. Le couple qu’elle forme avec Joza est singulier mais vraiment touchant. Lui, sous son apparence de grand costaud insensible, va se révéler être d’une tendresse et d’une protection émouvante envers Eliska. La naissance de leur affection, de leur attachement, puis petit à petit de leur amour est tout en finesse, sans évènement marquant certes, mais le lecteur y croit, et partage leur bonheur éclos. Que ces deux êtres se soient si bien trouvés est une aubaine pour l’un comme pour l’autre. Ils apprennent à se connaître avec toute la pudeur que leur situation leur confère, sans chercher à en remettre la faute sur l’autre, mais en l’acceptant comme elle vient et en tentant de saisir les petits plaisir du quotidien là où ils se trouvent, dans ces instants fugaces d’intimité que seuls les cœurs perçoivent.
Mon seul regret est le volume du livre, trop restreint à mon goût. J’aurais aimé que l’auteur nous présente plus en détails la situation initiale d’Eliska, la relation qu’elle entretenait avec son amant de l’époque surtout, car son nom revient à de multiples reprises mais sans être associé à des souvenirs éloquents pour le lecteur. J’aurais aussi voulu en connaître davantage sur l’intégration d’Eliska dans le village, que l’auteur développe plus ses états d’âmes et ses pensées, ce qui aurait été bénéfique au récit. Mais aussi qu’elle nous situe davantage le contexte historique, à savoir la Seconde Guerre mondiale. Quelques références sont glissées dans le récit mais finalement on l’oublie vite. Ce n’est pas forcément un reproche, mais un constat. Finalement, les évènements sont abordés avec beaucoup de légèreté, à demi-mot et en surface ; on effleure le drame qui se joue à l’extérieur pour mieux se concentrer sur le sujet principal du livre.
Je terminerai avec la fin qui est brutale et nous arrête net dans notre rêverie sentimentale, nous laissant sur un dénouement abrupt. En tout cas, il a été pour moi difficile à digérer tant je m’étais laissée emporter par la romance entre Eliska et Joza.
La Belle de Joza est une très belle découverte, d’un pays que je ne connais absolument pas et d’une jolie histoire, tout simplement. Un roman d’amour sans prétention, aux sentiments vrais et aux personnages plein de douceur. Je le recommande chaudement.