Je vous propose une nouvelle fois un roman de Flaubert, plus ou moins connu, mais qui me faisait de l’œil. L’histoire promettait en effet d’être plutôt cocasse, drôle, voire absurde.

Résumé de l’éditeur

Bouvard et Pécuchet vivent dans une société qu’ils ne comprennent pas et qui ne les comprend pas. Commis retrOLYMPUS DIGITAL CAMERAaités à la campagne, au regard peu amène sur leur propre vie, ils décident candidement d’embrasser l’étendue des connaissances humaines, d’attaquer l’apprentissage du savoir universel. Dans un désordre composé de recueils d’anecdotes, de catalogues de jardinage, des œuvres de Descartes et Spinoza, et d’ouvrages les plus divers d’auteurs dont l’histoire n’a même pas retenu le prénom, ils vont se confronter à bien des médiocrités humaines, la leur comprise.

Mon avis

Ce livre a un énorme défaut qui est venu complètement gâcher mon plaisir initial ; il est en effet beaucoup, beaucoup trop long
à mon goût
. Je pense que le format « nouvelle » aurait largement suffi pour exploiter le sujet.

Tous les chapitres se ressemblent, ils ont la même structure et se terminent de la même manière. Nous suivons deux hommes, Bouvard et Pécuchet, qui sont devenus amis comme on tombe amoureux. Ils ont décidé d’aller vivre en Normandie, dans une ferme. De là, ils vont se passionner pour la botanique, en tentant des expériences plus ou moins réussies. Ne s’avouant pas vaincus, ils vont se tourner tour à tour vers l’astrologie, l’archéologie, la médecine, la politique, la littérature, la philosophie…Bref, tous les domaines de connaissances possibles et imaginables vont être décortiqués par eux. Mais, vous vous doutez bien qu’il faudrait plus d’une vie pour parvenir à maîtriser tous ces sujets. C’est donc avec une espèce de boulimie malsaine qu’ils vont se mettre à la tâche.

Une fois que l’on a compris leur mécanisme, leurs motivations et leur but, on se passerait bien de toutes ces informations sur des sujets aussi divers et variés. J’ai rarement lu un livre comportant autant de références dans autant de domaines. Nous avons de longs paragraphes remplis de données, complétées par un nombre incalculable de notes de bas de page. De ce fait, la lecture est lourde. Je dois dire que certains passages ont été lus en diagonal, car franchement indigestes. 400 pages peuvent être très longues…Pour être honnête, j’avais hâte d’en finir. Mais pourtant, l’histoire en elle-même est plutôt drôle, farfelue, de ce côté-ci le pari est réussi, notamment grâce à la personnalité de nos deux comparses, mais il y a trop de redondances, donc l’effet de surprise laisse vite la place à une certaine lassitude. Et malheureusement, les événements annexes ne sont pas suffisants pour remobiliser l’intérêt du lecteur.

OLYMPUS DIGITAL CAMERACe livre est un éloge de la bêtise. Bouvard et Pécuchet sont de drôles de bonshommes, pensant que le savoir est une ressource épuisable. Alors que, finalement, après tout ce qu’ils ont ingurgité  comme connaissances, ils se retrouvent bien incapables d’instruire convenablement deux jeunes enfants qu’ils décident d’adopter sur le tard. Et comble du comble, ils se servent d’eux pour tester différentes méthodes d’éducation. Pour eux, tout est sujet à expérimentation, mais à aucun moment ils ne prennent la distance nécessaire permettant une connaissance intelligente du sujet. Ils privilégient la quantité à la qualité. Leur excès de confiance en soi, leur manque de modestie les font vite repérer de leurs voisins auprès de qui ils passent pour d’étranges énergumènes, originaux mais sympathiques. Je pense notamment à l’épisode du musée, qu’ils construisent dans leur ferme et qui finira en décrépitude ! Quand l’un a une idée, ce n’est certainement pas l’autre qui l’empêchera de l’exploiter. Cette espèce d’émulation est étonnante. Je dois dire qu’il forme un duo parfait, et au moins ne souffrent-ils pas de solitude, ni d’ennui d’ailleurs. C’est une philosophie de vie comme une autre. Ce qui est fou c’est qu’à aucun moment Bouvard et Pécuchet ne se remettent en question, même lorsque leur échec est flagrant, ils trouvent autre chose pour faire diversion et remobiliser leur énergie qui semble inépuisable. Pourtant ils sont plutôt âgés, sachant qu’à leur rencontre ils avaient la quarantaine, et que le livre se déroule sur plusieurs années.

Ainsi tout le roman c’est cela, de l’excès et encore de l’excès dans tout ce que ce que nos héros entreprennent, de la démesure, un manque de discernement et une profonde bêtise animant tous leurs faits et gestes, et pervertissant leurs pensées. Cela dit, ils se sont bien trouvés, et leur amitié fusionnelle ne tolère pas l’autre, notamment une éventuelle femme. Chacun se fermant à une possible relation amoureuse, par amitié pour l’autre. Et que pourrait bien leur apporter une femme, elle serait très certainement de trop dans leur vie déjà bien remplie. Et ils en ont bien conscience d’ailleurs.

Bouvard et Pécuchet n’est pas un mauvais livre, puisque l’histoire est tout de même originale et les personnages hauts en couleurs, mais la longueur exagérée du récit m’empêche de vous en parler convenablement. J’ai rarement lu un roman classique avec autant de difficulté. Ce n’est certainement pas un roman que je conseillerais aux personnes réfractaires au classique, au risque de les conforter dans leurs préjugés…

 

…Je prends des petites vacances, et serai de retour le jeudi 11 juin !

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