Voici le premier roman de Stephen King que je lis, et ce malgré une bibliographie bien fournie mais dans laquelle je n’avais jamais éprouvé un désir ardent de me plonger. En général, je ne me tourne guère vers la science-fiction, ni le fantastique, mais l’orientation thriller d’épouvante du genre littéraire de l’auteur était plutôt séduisante. Et puis, la renommée de Stephen King est telle que refuser catégoriquement de le découvrir aurait certainement été  une erreur.

Résumé de l’éditeurOLYMPUS DIGITAL CAMERA

Louis Creed a accepté un poste à l’université du Maine. Il emménage dans la petite ville de Ludlow avec sa femme et leurs deux enfants, et c’est une nouvelle vie qui commence. Toute la famille va devoir s’habituer à cet environnement différent. Devant leur nouvelle maison, une vieille demeure coloniale, il y a la grand-route. Où les camions passent si vite qu’un de ces jours, on ne comptera pas que des chiens à la rubrique « écrasés ». Derrière le jardin, un sentier mène à travers à la forêt jusqu’au cimetière des animaux. Les vieux racontent qu’il ne faut pas se perdre par là-bas. Car, disent-ils, la forêt garde un secret très ancien, le secret d’une ancienne tribu indienne. Mais l’endroit est si beau, si attirant. Une sorte de cercle magique…

Mon avis

Tout d’abord, il faut savoir que  j’ai entrepris cette lecture en ayant une attente majeure, suscitée entre autres par  la représentation que j’avais de l’auteur mais aussi par ce que ce roman en particulier éveillait en moi. Cette attente était celle d’être effrayée, de frémir en tournant les pages jusqu’à ne plus pouvoir fermer l’œil de la nuit. J’espérais vivre avec Simetierre une expérience émotionnelle forte, peut-être est-ce ce qui m’a empêchée de l’apprécier correctement en le réduisant précocement à un livre d’épouvante.

Ce qui m’a frappée à la lecture c’est l’aspect cinématographique de l’écriture. Je ne m’étonne d’ailleurs guère qu’un certain nombre de romans de Stephen King ait été adapté au cinéma, ou en téléfilm. Cinématographique, dans le sens où l’action, le décor et les personnages décrits sont parfaitement représentables; très bref dans ses descriptions, Stephen King va à l’essentiel mais cela est suffisant et parfaitement maîtrisé pour que l’ on imagine aisément le film se dérouler sous nos yeux. Avec une bande son qui s’y prête et des acteurs pas forcément calibrés, il n’est pas bien difficile de convertir le livre en images. Mais pour rester sur une critique purement littéraire, j’ai trouvé que les personnages de Simetierre semblaient évoluer dans un environnement d’une fixité convenue, comme si l’auteur avait écrit son texte en sachant qu’il serait destiné à une future adaptation. L’ambiance est ainsi installée dès les premières pages, mais une ambiance que j’ai retrouvée de nombreuses fois au cinéma justement, le genre d’atmosphère pesante dans laquelle les événements paraissent un peu trop prévisibles. C’est donc sans surprise que j’ai suivi le fil de l’histoire, accompagnant le héros sans aucune crainte puisque tout me semblait cousu de fil blanc.

Malgré l’application avec laquelle Stephen King invite son lecteur à rentrer dans une atmosphère à la fois mystique et mortifère, à aucun moment je n’ai frémi, à aucun moment je ne suis parvenue à croire à son récit, à me projeter dans la situation des personnages. En somme je n’ai pas été captivée par l’univers créé par l’auteur, ne parvenant pas à me défaire d’une représentation cinématographique d’une trop grande évidence car bloquant mon imaginaire de lectrice. Je n’ai pu m’empêcher de trouver la trame et les péripéties quelque peu grotesques, donnant à l’ensemble des allures de parodie. Ainsi, Stephen King parsème son récit de légendes indiennes, de références religieuses, sans queue ni tête, sans lien aucun avec les événements qui concernent les personnages principaux, dans une tentative pour donner un semblant d’explication aux phénomènes étranges qu’il met en scène ayant trait à la mort et son après. Malheureusement, il semblerait que je ne sois guère sensible à ce genre d’intrigue mêlant mythes et phénomènes surnaturels. Dès le départ, le thème de la résurrection animale m’est apparu traité d’une manière qui n’allait pas me satisfaire. En effet, les personnages, à savoir les membres de la famille Creed, me paraissent un peu trop concernés par la question, ce qui donne à leurs agissements un manque d’authenticité, comme si tout cela coulait de source alors qu’ils sont censés être pris dans un engrenage malsain à la tension croissante.

Enfin, au-delà de l’intrigue en elle-même, il y a bien évidemment un message plus latent, qui pourrait se résumer à une phrase du type « rien ne sert de lutter contre la mort, elle est inévitable », dans laquelle on peut aisément apercevoir des positions par rapport à l’acharnement thérapeutique,  l’euthanasie, la réincarnation, sur fond de religion catholique. J’ai pu saisir dans ce roman des messages non dénués d’intérêt, une forme de réflexion derrière un récit qui ne m’a pas réellement plu. Mais l’exploitation de ces questionnements sur un sujet aussi vaste que celui de la mort ne m’a pas convaincue. J’ai été agacée par la petite fille qui ne cesse de poser des questions sur le devenir des morts, et par son père surtout, le héros de l’histoire, qui plonge tête la première dans ce qui s’annonce comme un désastre. Les dialogues sont un peu creux, répétitifs, ressassant toujours les mêmes idées. Louis Creed passe sans cesse d’un raisonnement éclairé, « Non, il n’est pas bon de vouloir réveiller les morts », à des comportements inexplicables et absurdes.

Vous l’aurez compris, je ne peux cacher ma déception. Alors, est-ce tout simplement le style Stephen King qui ne me correspond pas, ou bien est-ce ce roman en particulier qui me pose problème. Difficile à dire puisqu’il s’agit de ma première lecture. Je tiens quand même à souligner que l’un de mes films préférés est une adaptation d’un roman de l’auteur, La Ligne verte, il n’est donc pas impossible que je retente l’expérience. D’ailleurs, juste après avoir refermé Simetierre  j’ai voulu, par curiosité et amusement, regarder la version de 1989. J’ai beaucoup ri, parce qu’effectivement la retranscription des scènes est telle que je me l’imaginais. Mais malgré tout, entre le film et le livre il y a de grosses digressions qui m’ont franchement interloquée, car elles remettent en question ma propre interprétation de l’histoire. Je n’ai pas compris certains choix scénaristiques comme la suppression d’un personnage que je croyais être clé dans l’histoire, et un final qui diffère de celui du livre et qui bouleverse l’intégralité du récit.

Et vous, me conseillez-vous un roman de Stephen King en particulier pour lequel je pourrais avoir un meilleur avis ?

Dans les semaines à venir mon rythme de publication sera fortement perturbé, mon temps libre étant dorénavant consacré à une petite crevette 🙂  La lecture en sera d’autant plus un moment d’évasion !

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