Voici un livre dont vous avez surement déjà entendu parler, que vous avez peut-être lu ou même vu puisqu’il a été adapté en France au cinéma. Je pense que c’est le roman le plus connu de son auteur, Douglas Kennedy. Souvenez-vous, j’ai déjà fait l’expérience d’un de ses romans, Cet instant-là qui m’a laissée dubitative, malgré le bon moment que j’ai passé en sa compagnie. L’homme qui voulait vivre sa vie a été écrit il y a presque 20 ans tout de même (publié en 1997 pour être exacte), il est important de le souligner, car je pense qu’il aurait difficilement pu être écrit tel quel à notre époque, mais j’y reviendrai.

Entretemps donc, je m’étais aventuré dans la lecture de Quitter le monde, qui s’est vite rangé parmi les 3 livres que je n’ai jamais pu terminer de toute mon existence, avec Crime et Châtiment de Dostoïevski et Le meilleur des mondes de Huxley, Gloups !

Quoi qu’il en soit, je m’étais fait un devoir de lire L’homme qui voulait vivre sa vie.

Résumé de l’éditeurcouv

Un poste important, une vaste maison, une femme élégante, un bébé : pour tout le monde, Ben Bradford a réussi. Pourtant à ses yeux, rien n’est moins sûr : de son rêve d’enfant – être photographe – il ne reste plus rien. S’il possède les appareils photo les plus perfectionnés, les occasions de s’en servir sont rares. Et le sentiment d’être un imposteur dans sa propre existence est de plus en plus fort… Alors comment résister à l’appel d’une vie quand le destin s’en mêle ?

Mon avis

Pour vous donner un premier avis à chaud, j’ai apprécié cette lecture. J’ai passé un agréable moment, et j’ai difficilement pu la lâcher avant la fin.

L’histoire commence de façon somme toute banale. Un homme approchant la quarantaine, Ben Bradford, avocat réputé, marié à une jolie femme, deux enfants en bas âges, se retrouve à une période de sa vie où les questionnements sur sa situation se font pressantes ; un métier qui l’ennui, un rêve de devenir photographe depuis longtemps éteint, une vie conjugale plutôt terne. Il découvre que sa femme le trompe, ce qui va le conduire à commettre l’irréparable. Ben se retrouve dans une situation qui le dépasse totalement et qui va le confronter à devoir prendre LA décision de toute son existence.

J’en ai lu des romans qui commençait de la même manière, ou alors qui traitait du même thème, crise du milieu de la vie, divorce, adultère et tout ce qui s’ensuit de plus ou moins ennuyant …j’en ai même fait une overdose je crois, retrouvant toujours les mêmes stéréotypes, qu’ils soient du côté des personnages féminins ou masculins. Mais ce roman est je pense un précurseur du genre, il a été écrit au milieu des années 90, donc avant que ce type de livres ne soient trop répandu.

Néanmoins, je me suis prise au jeu pour tout vous dire. Quand l’écrivain sait comment mettre en scène ses personnages, comment les faire évoluer et réagir, il peut réussir à créer quelque chose de plutôt pas mal. Avouons-le, nous avons tous un petit côté voyeuriste, plus ou moins développé, qui nous fait jouir du malheur des autres et de la manière dont ils se dépatouillent avec leurs problèmes, nous disant que de toute façon ça ne nous arrivera jamais. Je me trompe ?

Toujours est-il que le personnage principal, Ben Bradford est parvenu à me toucher, son côté nonchalant, un peu mièvre mais courageux m’a plu. En même temps, l’auteur a voulu à tout prix me faire détester sa femme Beth et il y est parvenu. Tout comme son amant Gary d’ailleurs. Les deux sont inintéressants et leurs apparitions ne sont faites que pour servir de crachoir aux lecteurs, c’est un peu facile. Donc entre les trois, il n’y avait que Ben pour sortir du lot. Vu que le livre tourne autour de sa personne, cela est bien normal me direz-vous.

Pour en revenir à l’histoire, l’ « introduction » est longue, très. Le temps que l’on connaisse bien le quotidien de Ben, que l’on appréhende son mal-être et ses illusions gâchées jusqu’au fameux drame, 200 pages se sont écoulées. Mais elles se lisent comme on boit du petit lait.

La suite du livre, là où ça devient intéressant, est la renaissance de Ben où l’on découvre sa nouvelle vie, celle d’après le drame, qu’il croit créer et en être le maître mais qu’il semble subir tout le long. Au début, on peut effectivement l’envier, puis on en vient à le prendre en pitié, sans jamais le détester. Il va se retrouver pris dans des rouages féroces et être totalement dépossédé de sa véritable identité. Il n’est d’ailleurs plus qu’une coquille vide à la fin du roman, c’est assez effrayant.

Dans ce roman il ne se passe pas grand-chose il faut bien l’admettre. Le récit est marqué par de gros passages à vide, mais l’écriture fluide de l’auteur nous pousse à aller plus loin. Ce livre est gros, très gros, trop gros ; le scénario est bien, je veux dire, il est sympathique à découvrir, plutôt original même, mais totalement improbable dans la réalité. Les rebondissements, qui sont rares mais donnent à chaque fois une nouvelle tournure à l’histoire, sont absurdes, mais comme je vous l’ai dit plus haut, on se prend au jeu. L’auteur s’est amusé avec son personnage et nous divertit dans le même temps. Ce roman souffre pourtant de beaucoup d’invraisemblances. Les réactions de Ben sont aussi difficilement imaginables, mais passons, pourquoi pas. L’écrivain a voulu traiter une piste intéressante, mais il se heurte à sa complexité, tout en sachant, je pense, que ce genre de scénario ne tiendrait jamais la route dans la réalité.

De plus, cette histoire n’aurait pas pu être écrite à notre époque, la possibilité d’une nouvelle vie étant plus que chimérique lorsque l’on sait que l’anonymat le plus complet est un doux leurre en 2015. Au risque de jouer les Cassandre je pense que ce livre vieillira mal dans les décennies à venir… Fermons la parenthèse.

Les relations entre les personnages sont fortement accentuées, caricaturées même, et se développent de manière un peu trop rapide alors que l’histoire ne se déroule que sur quelques mois. L’auteur a voulu nous emmener là où il en avait envie, mais je trouve qu’il emprunte pour cela des chemins trop larges donc trop évidents. Ce manque de finesse joue en faveur d’un certain désintérêt que l’on pourrait ressentir vers la fin du roman. Le dernier gros rebondissement se voulant imprévisible, il en demeure pourtant la suite logique à tout cet assemblage.

Pour finir, je qualifierais le dénouement…d’ « hollywoodien ». Mais je ne peux pas vraiment le reprocher car tout le récit est « hollywoodien ». La happy end n’est pas si happy que ça et même plutôt dérangeante.

Je concluerais sur une note positive en confirmant le plaisir que m’a procuré ce livre. L’intrigue ne tient pas toujours la route mais elle a le mérite de nous proposer quelque chose de nouveau, une réponse choisie et développée par l’auteur à la question : « Peut-on changer de vie et devenir quelqu’un d’autre ? ».

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