Ce roman est certainement celui que je croise le plus souvent sur les blogs depuis plusieurs mois. Je ne compte plus le nombre d’avis qui me sont passés sous les yeux, que je n’ai pas toujours lus, mais qui, je crois, étaient globalement positifs. Comme bien souvent, c’est surtout le titre, et non la popularité évidente du livre, quoique, qui m’a convaincue de me le procurer. Je lis, je bois du café, ensemble ou séparément, et j’aime ça. Il n’en fallait pas plus, enfin il aura quand même fallu un certain temps avant que je l’achète, pour que j’ai envie de me plonger dans ce récit.

Résumé de l’éditeurOLYMPUS DIGITAL CAMERA

Diane a brusquement perdu son mari et sa fille dans un accident de voiture. Dès lors, tout se fige en elle, à l’exception de son cœur, qui continue de battre. Obstinément. Douloureusement. Inutilement. Egarée dans les limbes du souvenir, elle ne retrouve plus le chemin de l’existence. Afin d’échapper à son entourage qui l’enjoint à reprendre pied, elle décide de s’exiler en Irlande, seule. Mais, à fuir avec acharnement la vie, elle finit par vous rattraper…

Mon avis

Tout d’abord, j’ai été surprise pas la finesse du livre. J’ai l’impression que la « mode » est actuellement aux romans courts, aux récits brefs mais intenses. C’est un constat que je fais sur la base des succès littéraires récents, rien de plus. Soit, cela a aussi ses avantages. Mais, je ne sais pas pourquoi, je m’attends toujours à une certaine épaisseur, surtout en format Poche.

Il est de ces livres qui, dès les premières pages, résonnent en vous d’une manière particulière, par un détail, un personnage, un lieu. Vous vous reconnaissez dans un élément, primordial ou secondaire, qui rend ensuite votre lecture singulière. Ici, c’est la situation initiale de l’héroïne, livrée brusquement, jetée à la figure du lecteur, sans aucune mise en garde, comme pour s’en débarrasser avant de passer à ce qui nous intéresse. Nous suivons Diane, qui perd subitement, dans un tragique accident de la route, son mari et sa fille. A ce moment-là, j’ai eu envie de refermer le livre. Je ne voulais pas lire un parcours de résilience, car  un tel drame est, à mes yeux, inconcevable, condamnant le survivant à errer plus qu’à vivre. C’est trop peut-être. J’aurais pu tolérer le deuil d’une veuve, oui, celui d’une mère, aussi, mais les deux en même temps, cela m’est vraiment difficile.

Aussi, j’étais rassurée de découvrir une Diane amorphe, dégoûtée, apathique, un fantôme en somme. J’étais rassurée, car cette image collait avec celle qui s’est imposée à moi en m’imaginant dans une telle situation, si tant est que l’on puisse se la représenter. Et puis, j’ai compris que le sens du livre était de nous proposer une renaissance, un combat pour la vie et non une ruine,physique et mentale. Cette espérance est représentée par Felix, le meilleur ami de Diane. J’ai eu beaucoup de mal avec ce personnage, qui est comme un orage dans un paysage désertique. Je ne le trouvais pas à sa place, presque irrespectueux dans ses tentatives brutales pour sortir Diane de son état léthargique. J’étais finalement comme elle, meurtrie par la perte, et aveugle face à l’avenir, me complaisant dans la désolation. Mais Felix apporte avec lui la vie, et c’est à cela qu’il faut s’accrocher. Alors, une fois accepté qu’il faut bien vivre et non se laisser mourir, Diane, et moi, plus elle que moi d’ailleurs, sommes parties pour l’Irlande.

Je savais bien ce qui se passerait, je me doutais bien qu’arriverait le moment d’une reconstruction affective de l’héroïne, et que l’exil à l’étranger apporterait son lot de rencontres. Je craignais la confrontation brutale avec la vie, avec l’autre, avec les hommes. Mais l’auteure m’a épargné une trop grande brusquerie, en nous présentant un individu, de sexe masculin, pour lequel Diane ne ressentira que du mépris. Mais la combine était peut-être trop commune, puisque j’ai deviné la direction du chemin au premier regard. Entre Edward, cet irlandais bourru et solitaire, cet irlandais donc, et Diane, se crée une relation pansement, pour l’un comme pour l’autre, et c’est finalement mieux comme ça. Ils finissent par s’apprécier, font l’économie de réels échanges approfondies, se contentant d’une présence rassurante, jusqu’au moment où le calme apparent de leurs transports est perturbé par une femme, l’autre, celle qui était là avant.Cette apparition est aussi soudaine que dissonante. Elle se présente sous la forme d’une hystérique, odieuse et capricieuse, qui n’a rien à faire dans le paysage grisâtre et paisible de l’Irlande. Le choix de ce personnage reste un mystère pour moi, qu’apporte-t-il, que suggère-t-il ? Pourquoi le dessiner avec autant de contraste ? Cela m’échappe.

J’aurais pu apprécier le cheminement relationnel entre Edward et Diane, m’égayer pour ces deux êtres que la vie n’a pas épargnés. J’aurais pu croire en un avenir commun, ou tout du moins espérer qu’il en soit ainsi. J’aurais pu aussi vouloir rester sur le sol irlandais, pour que Diane reconstruise un semblant d’existence, loin de ses souffrances. Mais non, je n’attendais qu’une chose c’est qu’elle retourne en France, qu’elle retrouve son « quotidien », qu’elle reprenne sa place au sein du café littéraire dont elle est la gérante. En somme, je voulais qu’elle fuie à tout prix cette Irlande, trop éloignée de son passé, de sa vie, des êtres qu’elle aime tant et qui sont partis trop vite, comme elle a fui la France quelques mois plus tôt.

Je n’avais pas envie de me réjouir pour Diane, je suis restée bloquée au drame qu’elle a vécu, n’acceptant pas qu’elle reprenne sa vie en main, ne tolérant pas un courage si outrageux, mais pourtant vital. Il m’est difficile de vous expliquer les raisons d’un tel refus de ma part. Il se trouve peut-être dans l’introduction du récit, qui mêle vie et mort, espoir et mélancolie, dans une confusion venant finalement amoindrir le drame initial. Peut-être aurais-je préféré que celui-ci ne soit qu’évoqué, plutôt que détaillé pour ensuite passer à autre chose de plus actuel.  Ou alors, l’aurais-je davantage accepté s’il avait eu la saveur du souvenir, et non du fait brut.

Et puis il y a cette fin, qui n’en est pas une, car comment mettre un point final à un récit qui démarre d’une manière si bouleversante. Cette fin qui a tout pour me convenir, puisqu’elle est tout ce que j’espérais. Mais pourtant, elle me paraît tellement opposée à ce que laissait suggérer l’histoire que je n’ose y croire. C’est lorsqu’un dénouement colle avec ce que l’on attendait, qu’il est justement…inattendu.

Oui, cette lecture m’a fait violence, c’est peu de le dire. C’est pourquoi j’ai attendu une bonne semaine avant de vous livrer ma critique, le temps de laisser décanter le remous émotionnel. Pour autant je ne peux pas dire qu’elle a été mauvaise car elle est bien loin de m’avoir laissée indifférente, ce qui est finalement le dessein de la littérature. Mais, je crois qu’aveuglée par l’émotion, toute objectivité a fui. Et pourtant il faut reconnaître que ce roman souffre d’un manque d’originalité, je le dis même si son empreinte dans mon esprit est forte, et que l’écriture, concise et hachée, est finalement peu élaborée. Il suffit parfois d’aborder un thème sensible pour toucher du bout du doigt l’âme du lecteur, concerné directement ou non d’ailleurs, sans s’étaler davantage sur le reste.

Et vous, y a-t-il des livres qui ne vous ont marqué que par l’émotion provoquée et non par l’histoire en elle-même ?

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