Ce livre a atterri dans ma bibliothèque poussée que j’étais par la volonté de participer, ce mois-ci, à la louable démarche de Sandrine : Un mois, un éditeur. Découvrir de nouvelles maisons était l’un de mes objectifs de cette année. Il m’a fallu un cadre pour me sortir de ma zone de confort. Pour le mois de mai, c’est l’éditeur La Contre Allée qui est à l’honneur. Et c’est vers un minuscule livre que je me suis tournée. J’ai été surprise de sa petitesse, une sorte de calepin de la taille de ma main. Bien.  J’aurais préféré un texte plus consistant à me mettre sous la dent ; quitte à voyager, autant que ça dure. Mais enfin, allons-y gaiement.

Extrait

« C’étaient deux enfants petits et chétifs, très mal vêtus, couverts plutôt d’une toile épaisse, déchirée et souillée de boue. Leurs cheveux filasse et inextricables étaient rassemblés en nattes, et il va sans dire que cet exemple parfait de la plica polonica attira d’emblée mon attention. »

Mon avis

Je ne vais guère épiloguer cette fois-ci, ce serait curieux puisque j’ai englouti ce récit en une heure à peine. Je tenterai d’être brève mais non moins convaincante. Car malgré la finesse du bouquin, la qualité ne dépendant pas de la quantité, ce petit conte aux saveurs de buisson sauvage m’a fait voyager le temps d’un court, mais intense, instant. Que demander de plus.

Traduit du polonais, Les enfants verts est un conte, sous forme de journal, racontant d’étranges évènements survenus en Pologne, en l’an 1656, autour du Roi et de son médecin en chef, le narrateur écossais, William Davisson, originellement botaniste. En ces temps de guerre sur les terres polonaises, le pays souffre par tous ses pores. Le sang abreuve le sol. Alors que le Roi se meurt exagérément, lui et son escorte sont contraints de faire escale dans un domaine perdu au milieu des marais. Leur séjour sera marqué par la découverte de deux enfants sauvages, comme muets, couverts de mousse et de boue, à la peau olivâtre et à l’odeur de forêt humide. Le sauvage des gamins inquiète et effraie, alors que la fillette semble issue d’une légendaire tribu peuplant les arbres et pourvue de pouvoirs magiques.

Sur fond de drames humains incompréhensibles, ces guerres qui luttent même entre elles demeurent bien obscures, se joue une intrigue venue d’un autre monde, végétal et onirique, qui souligne l’ineffable des conflits humains. Ces deux enfants, illettrés et en guenilles, rappellent aux hommes qu’un ailleurs est possible, où ni l’égoïsme, ni la loi du plus fort, ni l’indifférence ne sont tolérés. Le premier monde est le cauchemar du second. Ils forment pourtant les deux facettes d’un même univers.  Mais les hommes qui se battent ne peuvent, et ne veulent, voir ces petits êtres qui s’animent un peu plus haut et qui les regardent effarouchés avant de retrouver le confort de leur nid de feuilles.

Les enfants verts est un récit tendre, teinté d’humour et de cynisme, qui raconte à la manière des fables d’antan ces choses que l’on n’ose croire de peur de paraître candide et par trop rêveur ; où après la peur de l’autre (les enfants sont dans un premier temps enchaînés) viennent les interrogations. Puis quand l’heure du choix possible approche, il y a ceux qui préfèrent à la morne réalité la douceur d’un songe, sous forme d’un pays merveilleux.

À la fois le ton emprunté que l’histoire narrée m’ont transportée dans cette contrée lointaine dans laquelle le matérialisme mortel vient butter contre le prodigieux fantastique. En somme, une plaisante découverte offerte par les éditions La Contre Allée.

Et vous, lisez-vous parfois des contes ou fables ?

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