Comme je vous l’ai dit précédemment, je n’ai pas l’habitude de lire des romans inspirés d’histoires vraies. De ce fait, je ne lis jamais de biographies ou de récits historiques. Vous allez vous demander pourquoi j’ai voulu me lancer dans Les disparus  qui est on ne peut plus ancré dans la réalité  puisqu’il raconte la quête d’un homme pour retrouver un morceau d’histoire de sa famille durant la Seconde Guerre mondiale. En fait, je n’aurais jamais acheté ce livre s’il ne s’était retrouvé dans ma « petite » pile dénichée chez un particulier via un site internet de petites annonces bien connu. Et puis, en lisant le résumé j’ai été tentée, surtout par le soi-disant côté « roman policier ». J’ai cependant toujours été attirée par les histoires intergénérationnelles, de traumatismes, de transmissions, de secrets de famille; attirance accrue par mes années d’études en psychologie. Et puis,  la Seconde Guerre mondiale en général et l’extermination des juifs en particulier sont un sujet, je m’en rends compte, que je ne connais pas tant que ça ou seulement dans les grandes lignes.

Résumé de l’éditeur

Enfant déjà, Daniel Mendelsohn savait que son grand-oncle Shmiel, sa femme et leurs quatre filles avaient été tués dans l’est de la Pologne en 1941. Plus tard, il découvre des lettres désespérées de Shmiel à son frère, installé en Amérique. Des lettres pressant sa famille de les aider, des lettres demeurées sans réponse… Parce qu’il a voulu donner un visage à ces six disparus, Daniel Mendelsohn est parti sur leurs traces. Cette quête, il en a fait un puzzle vertigineux, un roman policier haletant, une plongée dans l’histoire et l’oubli – un chef-d’oeuvre.

Mon avis

J’ai adoré et ai littéralement dévoré ce livre. C’est le premier de ce genre que je lis et je n’ai pas été déçue et même franchement surprise de l’apprécier autant. C’est néanmoins délicat d’en donner Les-disparusun avis. En effet, Daniel Mendelsohn a effectué un tel travail titanesque pour retrouver la trace de ses parents disparus et pour réussir à enfin poser des mots sur ce qu’ils ont vécu, qu’on ne peut que se laisser emporter par son récit et la passion et la persévérance avec lesquelles il a mené ces années de quête. De savoir qu’il a passé la majeure partie de sa vie à se questionner sur des destins qui pourtant sont éloignés de lui de plusieurs degrés (il s’agit de la famille de son grand-oncle, donc le frère de son grand-père), est incroyable. L’origine de cette curiosité presque obsessionnelle peut se trouver dans le fait qu’il ressemble physiquement beaucoup à ce grand-oncle et qu’ainsi il est le réceptacle de la tristesse de toute une famille face à la disparition de 6 de ses membres (le grand-oncle et sa femme avaient 4 filles); disparition passée sous silence, dont le récit est transmis à demi-mot et soumis au temps et aux interprétations. C’est arrivé à la quarantaine que Daniel Mendelsohn a décidé d’effectuer un périple de plusieurs milliers de kilomètres à travers 3 continents pour reconstituer, morceaux après morceaux, bribes d’histoire après bribes d’histoire, en rencontrant les derniers survivants de l’Holocauste ayant vécu dans le petit village polonais (devenu ukrainien) de Bolechow, la vie et la fin tragique de toute une famille. Finalement, à travers le destin de ces quelques personnes, c’est l’Histoire que l’on redécouvre, la vie à cette époque, les conditions de travail, les méthodes barbares employées pour exterminer les juifs, la violence et l’angoisse quotidiennes, la famine, la pauvreté mais aussi l’espoir, présent malgré tout.

Ce qui m’a le plus étonnée dans son périple, c’est la chaleur avec laquelle il est accueilli à chaque fois dans les foyers. Tous ont accepté de lui livrer une part de leurs souvenirs, avec plus ou moins de douleur mais avec toujours une sincérité touchante. Daniel Mendelsohn va ainsi parcourir un chemin sinueux avec souvent des retours en arrière, des déceptions et des espoirs vains.

Certains critiqueront le manque de rythme de ce livre, qui est plus un documentaire qu’un roman policier comme le suggère le résumé, mais reconstituer une histoire 60 ans après les évènements ne peut se faire qu’avec beaucoup de rigueur et de patience.

Le récit est agrémenté de photographies en noir et blanc qui le rendent encore plus vivant et authentique. De plus, il s’appuie en parallèle sur des extraits de la Genèse : la Création, le Déluge et le périple d’Abraham. Extraits intéressants puisqu’ils donnent une dimension universelle à la quête de l’auteur, et surtout en ce qui me concerne m’ont permis de mieux appréhender les fondements du judaïsme.

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