En voilà un titre original ! Cela faisait un moment que je lorgnais dessus. De par le titre donc, mais aussi la couverture, qui est on ne peut plus loufoque. J’avais envie d’une lecture purement divertissante, rigolote et déjantée ; et mon petit doigt m’a dit que ce livre correspondrait à mes attentes. Le film est sorti l’année dernière après le succès fulgurant du roman, mais étrangement la bande-annonce ne me donne absolument pas envie…Comme quoi.

Qu’arrive-t-il donc à ce petit vieux  ?

Résumé de l’éditeurunnamed

Franchement, qui a envie de fêter son centième anniversaire dans une maison de retraite en compagnie de vieux séniles, de l’adjoint au maire et de la presse locale ? Allan Karlsson, chaussé de ses plus belles charentaises, a donc décidé de prendre la tangente. Et, une chose en entraînant une autre, notre fringant centenaire se retrouve à trimballer une valise contenant 50 millions de couronnes dérobée – presque par inadvertance – à un membre de gang. S’engage une cavale arthritique qui le conduira à un vieux kleptomane, un vendeur de saucisses surdiplômé et une éléphante prénommé Sonja…

Mon avis

J’ai entamé la lecture en ayant une attente exigeante, celle de rire. Je n’en demandais pas plus à vrai dire, mais c’est déjà bien difficile pour un écrivain d’y parvenir. Néanmoins, lorsque j’ai constaté l’épaisseur du livre, pas moins de 500 pages, je me suis quand même dit qu’il me faudrait un peu plus que du rire pour maintenir mon intérêt.

Dès les premières pages, c’est-à-dire la situation initiale où Allan prend ses cliques et ses claques et s’enfuie de la maison de retraite, j’ai été portée par l’histoire. J’ai été séduite par le côté décalé que je recherchais tant et que l’auteur n’a pas tardé à  cultiver. Allan, personnage burlesque, hors de tout, insaisissable et incompréhensible m’a immédiatement plu. Les prémices de sa fuite me laissaient présager mille et une aventures toutes plus folles les unes que les autres ; et je me suis laissée emportée par le ton cynique, sarcastique et fortement empreint de l’humour noir de l’auteur.

Oui, mais voilà, Allan est centenaire, donc réduit à une mobilité restreinte, ce qui freine considérablement ses possibilités d’extravagances. L’auteur a plutôt choisi de partager son récit entre le présent, la fuite d’Allan donc, et le passé, la vie d’Allan. Le lecteur voyage énormément dans ce livre et découvre avec amusement l’histoire trépidante du héros. Car il faut le dire, il n’a pas eu une vie banale, loin de là. Il a été au côté des plus grands, dans les périodes les plus agitées du 20ème siècle.

Allan est un personnage franchement étonnant, irréel et improbable. Apolitique, il s’est retrouvé être un personnage de l’ombre, mais non moins central, dans l’histoire politique des Etats-Unis, de la Russie, de la Chine, de la Suède etc… Car Allan est un expert en explosifs, détail important car c’est ce qui conditionnera toute son existence. L’auteur est allé très très loin dans l’absurde, s’amusant avec son personnage en le mettant dans des situations aberrantes, et modulant les faits historiques à sa guise tout en en préservant leur trame réelle. Néanmoins, le passé d’Allan étant fortement ancré dans la politique internationale, malgré son dégoût ou plutôt son inintérêt pour celle-ci, le lecteur a droit à d’innombrables informations et anecdotes, réelles et parfois imaginées, qui, bien que retranscrites de manière plutôt amusante, ont provoqué dans ma lecture quelques instants d’égarement et de flottement. A vrai dire, je n’avais pas du tout envie en ouvrant ce roman d’être invitée à prendre part à ce genre de considérations, s’éloignant fortement de mes attentes initiales. Malgré cela, j’ai beaucoup apprécié le fait que l’auteur humanise les grands de ce monde comme Staline, Truman, Churchill et cie… en peignant leurs portraits de manière caricaturale voire grotesque. C’est drôle comme ils paraissent ridiculement rétrécis à côté d’un Allan dont le culot et l’impudence ne peuvent que déconcerter.

De plus, malgré les multiples rebondissements et mésaventures de ce dernier, le lecteur, en tout cas moi, est de moins en moins surpris et finira même par se perdre s’il n’a pas une lecture hautement attentive. Or, lorsque l’on entame un livre dans le but de se divertir, souvent l’attention peut s’effilocher.

Vous comprendrez que je n’ai pas été totalement convaincue. En effet, en ouvrant ce livre je m’attendais à suivre les aventures d’un centenaire fugueur et légèrement sénile. Et je trouvais cela fort séduisant. Je dois préciser que le résumé des éditions Pocket (celui que je vous ai joint) ne mentionne pas le passé d’Allan, et est en cela plutôt trompeur quant à la réalité du livre. Lorsque je me suis rendue compte que plus de la moitié du récit était consacré à son passé, j’ai ressenti une déception amère. Malgré les péripéties et la cocasserie des situations, je n’ai pas réussi à m’imprégner totalement de l’histoire. Le « Allan » centenaire n’est selon moi pas assez exploité, et se retrouve mis au second plan face à son double plus jeune. Ses pérégrinations s’arrêtent trop vite et, passées les premières pages il ne se passe plus grand-chose dans sa nouvelle vie. J’exagère peut-être car Allan fait des rencontres marquantes, et va semer quelques cadavres sur son chemin, mais rien de bien méchant toutefois. J’aurais souhaité que l’auteur aille plus loin dans son « délire », qu’il fasse vivre au vieux Allan des choses totalement dingues.

Oui, les personnages rencontrés sont tous attachants. Oui, Allan n’est pas un petit vieux comme les autres. Oui, le scénario est tout de même abouti et recherché. Néanmoins, le début du livre nous emmène sur un chemin selon moi erroné, car la suite s’en détourne rapidement.

J’ajouterais un mot sur l’écriture, dont le style purement narratif s’avère important. Les phrases sont courtes, efficaces et sans fioritures. Cette distance instaurée avec le récit est bénéfique au ton humoristique souhaité par l’auteur. Le retrait du narrateur devant son discours teinte ce dernier d’un cynisme omniprésent. Il y a peu de place pour les sentiments, tout n’est que factuel ; et je dois dire que le résultat est plutôt réussi car cela donne aux lecteurs une expérience de lecture inédite. En tout cas, je l’ai vécu comme tel. Le récit est parsemé de dialogues franchement savoureux, pimentés à souhait. Je pense entre autres à l’un des dialogues finals entre le procureur et Allan.

J’ai passé un agréable moment avec Le vieux qui ne voulait pas souhaiter son anniversaire, j’ai ri et me suis distraite. Mais voilà, je n’ai pas lu le livre auquel je m’attendais, et en cela je suis déçue. Ce roman est pourtant très bon, je comprends son succès et reconnait les qualités scénaristiques de l’auteur. Ma déception ne tient pas seulement au fait que ma lecture n’a pas correspondu à mes attentes ; ce serait idiot. Non, elle tient aussi au fait que malgré le peu de temps morts, j’ai ressenti un début d’ennui et de lassitude. Mais je vous conseille grandement ce roman, pour vous divertir, rire, et vous laisser emporter, peut-être plus que moi, dans cette histoire rocambolesque.

Et vous, avez-vous lu ce livre ? Ou, comme moi, êtes-vous attiré par son aspect déjanté ?

 

 

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