couvJ’ai acheté ce livre grâce à son titre que je trouve sublime (il s’agit d’un extrait d’un poème de Sully Prudhomme), et la couverture très esthétique. Je ne connaissais absolument pas l’auteur avant d’ouvrir les pages. Il s’agit d’un roman épistolaire, premier du genre que je lis.

Résumé de l’éditeur

Parce que leurs enfants ne peuvent les héberger ensemble lorsque Zika doit aller se faire soigner le coeur, Joseph et elle se retrouvent séparés après plus de cinquante-six années de vie commune. Lui est accueilli chez leur fils Gauthier à Montfort, elle chez leur fille Isabelle à Paris. Commence alors entre eux une relation épistolaire qui voit s’éloigner la perspective de leurs retrouvailles et se déliter leur univers. En se rebellant contre cette séparation forcée, Zika et Joseph découvrent la face cachée de leurs enfants et leurs propres zones d’ombre. Jusqu’au drame final, où ils devront affronter le désastre humain qu’ils ont engendré.

Mon avis

Ce roman est relativement court, il se lit en quelques heures seulement. J’ai beaucoup apprécié cette petite lecture, émouvante, poignante, cruelle parfois. De quoi peut bien nous parler Le vase où meurt cette verveine ? Eh bien, de tout et de rien, et c’est cela qui fait sa force. Les mots parfois se suffisent à eux-mêmes. Les lettres de ces deux « petits vieux » qui remplissent les pages sont extrêmement touchantes et nous dévoilent l’amour dans ce qu’il a de plus égoïste mais aussi de plus puissant. Ce n’est pas forcément l’aspect le plus beau de l’amour, mais c’en est une des facettes qui se retrouve exacerbée ici. L’Amour, lorsque le couple parental passe avant ses propres enfants, lorsque l’un n’existe qu’à travers le regard de l’autre, lorsqu’enfin la moindre séparation devient insupportable. Ce roman est tragique et assez dure. En effet, la relation entre Joseph et Zika peut nous sembler belle et idyllique après 56 ans de mariage, mais l’on se rend vite compte que l’amour qui les unit agit comme un poison et les rend aveugles de ce que la vie peut avoir de plus précieux. Ils pensent vivre leur amour de la plus belle des manières, mais l’essentiel leur échappe, et ils seront vite rattrapés par la cruauté de la vie. Finalement, je n’envie pas leur amour que j’ai trouvé trop amer, trop fort pour être sain, trop renfermé sur lui-même, à la limite de l’autodestruction.

Ce roman aborde aussi et sans pudeur les relations parents-enfants, leur complexité, leurs racines et leur devenir face au vieillissement des parents. Les enfants sont omniprésents dans les lettres de Zika et Joseph, la séparation et l’approche de la mort remuant le passé et faisant ressurgir les regrets, les remords et les angoisses de la parenté.

Le fait d’avoir écrit ce livre sous forme de lettres nous permet d’avoir les regards croisés des deux personnages principaux. Nous découvrons leur famille et leur quotidien uniquement à travers eux. Nous n’avons pas besoin de savoir si ce qu’ils se disent est entièrement vrai ou non, car l’interprétation qu’ils donnent à ce qui les entoure et leurs ressentis face aux divers évènements qu’ils vont devoir affronter est l’essence-même de ce livre. Tout repose sur ce que chacun souhaite confier à l’autre dans ses lettres, sur le choix qu’il fait des mots, des tournures de phrases, de ce qui est important à ses yeux. Le roman pourrait être une succession de délires séniles qu’il n’en perdrait aucunement sa valeur.

Pour conclure, je dirais que Le vase où meurt cette verveine est un livre poignant qui trouvera écho en chacun de nous. Un joli moment de lecture en somme, que je ne peux que vous conseiller.

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