Me voici enfin de retour après trois semaines d’absence ! Je reviens avec un roman qui m’a été offert pour une occasion bien particulière, je remercie d’ailleurs la personne en question qui se reconnaîtra 🙂 Le roman du mariage est du même écrivain que Virgin Suicides (adapté au cinéma) pour ceux qui connaissent.

Résumé de l’éditeur

Une fille et deux garçons. Sur le campus de Brown comme ailleurs, il y en a un de trop. Madeleine aime le brillant Leonard et rêve déjà de leur futur radieux d’intellectuels talentueux. Mais Leonard est fragile, imprévisible, Madeleine et constamment sur le qui-vive. Avec Mitchell, le prétendant idéal, la vie serait simple; pourtant Madeleine est réticente. Faut-il se marier par amour ?

Mon avis

On peut dire que j’ai pris le temps pour lire ce roman, il m’a accompagnée durant une dizaine de jours. Ce rythme de lecture forcé, ayant été bien occupée ces dernières semaines, plutôt rare d’ordinaire, m’a finalement permis de m’imprégner lentement des personnages et de l’histoire. Il est bon de temps à autre de ne pas se précipiter dans sa lecture, cela offre une expérience nouvelle.

Pour en venir à notre livre, la qualité toute particulière de ma lecture n’a pas été profitable à mon appréciation de l’histoire. J’ai eu cette impression étrange et désagréable d’avoir déjà parcouru le même livre plusieurs fois. L’intrigue se déroule dans l’Amérique des années 80. Nous suivons trois jeunes étudiants constituant un trio amoureux où une jeune fille, Madeleine, ne sait vers lequel de ses deux prétendants se tourner. Ainsi, le récit se décompose en longs paragraphes sur la vie de chacun de nos protagonistes, s’arrêtant sur leurs états d’âmes, leurs doutes et leurs questionnements. Mais voyez-vous, j’ai eu maintes occasions d’expérimenter ce genre de littérature, plutôt séduisante au premier abord bien que frôlant la banalité, et j’en arrive toujours au même constat, je ne m’y retrouve pas. Ce livre est pour moi le stéréotype du roman américain contemporain, se voulant iconoclaste en même temps qu’un référentiel pour plusieurs générations. Tous les éléments récurrents sont là, la vie sur un campus, le parcours universitaire de notre héroïne (mais pour quelles obscures raisons, les jeunes filles de ce type de romans sont-elles toujours de jeunes intellectuelles littéraires ?), le surinvestissement de la sexualité des étudiants, les conflits familiaux surplombant le tout, et les troubles psychologiques d’un ou plusieurs personnages. Voici les principaux ingrédients de cette histoire. Rien d’extraordinaire en somme, que du convenu, du prévisible quand on souhaite aborder la question de l’amour chez les jeunes. Peut-être ai-je un problème personnel avec ce genre d’intrigue, mais je n’ai pas pu m’attacher aux personnages, cela m’a été impossible, et pourtant j’ai essayé, leur donnant tout le loisir de se faire une place dans mon esprit. Mais il se trouve que les traits saillants de leurs personnalités sont ressassés tout au long de l’histoire, l’auteur en joue trop, et cela en devient vite lassant.

Les aventures de nos trois héros ne viennent malheureusement pas compenser le vide de leurs relations. Oui, car malgré l’apparente complexité de leurs liens, j’ai fait le triste constat qu’en fin de compte ces derniers reposaient sur du superficiel, telles les amours adolescentes. De plus, nous savons dès le début comment tout cela va se terminer.

J’ai trouvé que le personnage de Madeleine ne collait absolument pas avec les descriptions qui l’entourent et la façonnent. Je m’explique ; je l’ai trouvée beaucoup trop naïve et irresponsable qu’elle n’est censée l’être au vu de ce que l’auteur nous dévoile sur son enfance, ses parents et son éducation. Ce décalage entre deux réalités m’est apparu grossier et improbable. Ceci explique le fait que Madeleine ne soit pas parvenue à m’émouvoir, et ce malgré les tourments qui la rongent. En effet, tout nous oblige à penser que ses malheurs ne sont dus qu’aux mauvais choix qu’elle a faits.

La forme du récit occulte de manière ingénieuse les passages à vide probables de l’histoire, de manière à ce que le lecteur ait toujours de la matière à se mettre sous la dent. Les voyages dans le temps et l’espace sont aussi propices à susciter l’intérêt du lecteur. Ce livre est dense, comme tous les romans américains de ce type. Mais la densité de l’écriture ne vient pas pallier le manque cruel de profondeur de l’histoire, et je soupçonne l’auteur de noyer le poisson en faisant vivre à ses personnages des aventures farfelues voire grotesques pour camoufler ce qu’il n’est pas en mesure d’exploiter.

Finalement, ce qui m’a le plus plu dans ce livre est la manière dont est traitée la psychose maniaco- dépressive (ou trouble bipolaire) d’un des protagonistes, Leonard. Cette maladie mentale est certainement l’une des plus complexes à retranscrire dans la fiction, mais je trouve qu’elle est traitée ici de manière juste, en évitant de surjouer le côté maniaque et en maintenant un bon équilibre entre les deux versants de la pathologie. Ceci est le gros point positif de ce livre.

Vous l’aurez compris, je ne suis pas du tout sensible à ce genre d’histoire, qui est trop stéréotypée selon moi, et qui a tendance à me mettre mal à l’aise, car présentant une société franchement égoïste. De plus et comble de l’ironie, ce livre est lui-même égocentré, il se nourrie de ce qu’il produit et tourne autour du même pot. Il nous donne l’illusion d’horizons ouverts mais c’est un leurre car il retombe sur ses pas, et la fin est un triste recommencement. J’en viens à un point important que je souhaite souligner, à savoir le bonheur possible des personnages auquel je n’ai pas cru, et c’est plutôt navrant. Cela me dérange de douter que les personnages d’un livre puissent être heureux tant ils sont reclus sur eux-mêmes. Alors même que la fin est justement censée nous redonner le sourire en nous laissant sur une note d’espoir, mais cela ne fonctionne pas. Une simple phrase, prononcée par l’un des personnages, ne peut contrebalancer les 600 pages allant dans le sens inverse. Et finalement, que reste-t-il à ce roman si on lui ôte la possibilité de faire évoluer de manière positive ses personnages ?

De plus, je n’ai pas bien saisi l’origine du titre Le roman du mariage. Si cette histoire est censée représenter le cheminement « classique » jusqu’au mariage, on en est bien loin. Si cette histoire est censée raconter l’indécision d’une jeune femme pour choisir son élu, on en est bien loin aussi puisque Madeleine ne semble pas avoir de doute quant à celui qu’elle aime. Le mariage dans ce livre n’est qu’un prétexte, il passerait presque inaperçu et n’est absolument pas exploité, voire même dévalorisé. A la rigueur, s’il n’avait pas été évoqué cela n’aurait pas changé grand-chose au récit. Est-ce que ce dernier se veut être une version moderne des romans classiques du XIXème siècle ? On pourrait croire que ceci est en effet la démarche de l’écrivain, tant sont omniprésentes les références à la littérature de cette époque comme parallèle avec ce que vivent les personnages. Mais qu’on laisse au 19ème siècle ce qui appartient au 19ème siècle, et s’il y a bien une chose qui a changé en un siècle c’est la notion même du mariage. Le romantisme n’est définitivement pas applicable au 20ème siècle.

Pour conclure malgré tout sur une note positive, je n’irais pas jusqu’à dire que j’ai détesté ce livre. Je l’ai lu avec plaisir, car malgré l’exaspération ressentie pour les personnages principaux, je n’ai pas pu m’ennuyer. Il se passe des choses dans ce roman, c’est certain. Le roman du mariage parviendra à séduire un  lectorat friand d’histoires alambiquées, mais dont je ne fais décidément pas partie.

Et vous, rejoignez-vous les nombreux avis positifs sur ce livre ? Ou, au contraire n’avez-vous pas été sensibles à cette histoire ?

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