Après Les fourmis, je vous présente la suite de la trilogie de Bernard Werber. J’ai beaucoup apprécié le premier volume et c’est avec une certaine appréhension que j’ai entamé Le jour des fourmis. couvEn effet, pour tout vous dire, je m’attendais à être déçue. Je doutais de ce que l’auteur pouvait apporter de plus à son premier roman, pensant bêtement qu’une suite serait de trop.

Résumé de l’éditeur

Sommes-nous des dieux ? Sommes-nous des monstres ? Pour le savoir, une fourmi va partir à la découverte de notre monde et connaître mille aventures dans notre civilisation de géants. Parallèlement, un groupe de scientifiques humains va, au fil d’un thriller hallucinant, comprendre la richesse et la magie de la civilisation des fourmis, si proche et pourtant si peu connue.

Mon avis

J’ai été très surprise, très agréablement surprise même. Le jour des fourmis est la suite parfaite du précédent roman, Bernard Werber n’aurait pu faire mieux ,ou alors difficilement. Le récit débute par une enquête qui semble de prime abord banale, et qui s’avère être une passerelle entre le monde des humains et celui des fourmis. Nous retrouvons la même structure narrative, d’un côté nous avons le récit des aventures des insectes, de l’autre, un thriller humain tournant autour de meurtres pour le moins surprenants. Les deux intrigues sont reliées par des extraits de l’Encyclopédie du savoir relatif et absolu écrite par le personnage fictif Edmond Wells, personnage qui est à l’origine de l’histoire.

L’intrigue myrmécéenne se déroule cette fois-ci autour d’une fourmi principale, l’une des héroïnes du précédent livre, la n° 103. Ce récit prend des allures de parcours initiatique. La communauté des fourmis se trouve partagée entre les rebelles et les servantes de la Reine, les rebelles étant elles-mêmes divisées entre les déistes et les non-déistes. Faut-il ou non croire en la toute-puissance des Doigts ? C’est la question qui va être en suspension tout le long du roman. Une croisade va être menée par un troupeau composé d’insectes de toutes sortes et dont les buts divergent, exterminer la population digitale ou collaborer avec elle. Les fourmis vont ainsi être amenées à se poser des questions sur elles-mêmes, sur leur existence sur terre, sur le sens de leur vie, à travers des notions comme le bonheur, la tristesse, le doute, la peur…mais surtout la religion. Y a-t-il un Dieu omnipotent qui veille sur le monde des fourmis ? De plus, au cours du périple des fourmis, une cité idéale, utopiste, va naître à l’initiative d’une fourmi un peu spéciale, qui ne pense pas  comme les autres et qui ne parvient pas à trouver sa place dans la construction sociale de base de ces insectes. Une des questions que l’on se pose en clôturant la lecture concerne le devenir de cette cité. Je pense et j’espère que nous en saurons plus dans le troisième tome.

Après avoir traité des fourmis à travers l’Homme, Werber nous parle ici de l’Homme à travers les fourmis. Le jour des fourmis aborde la vie des insectes sous un aspect beaucoup plus philosophique que dans Les fourmis. Les hommes et les fourmis vont se poser à tour de rôle des questions existentielles, et c’est au travers de quêtes spirituelles qu’ils vont pouvoir élaborer un début de réponse. Les deux peuples vont finir par se découvrir, s’affronter et s’appréhender au bout d’un long parcours semé d’embûches pour les uns comme pour les autres. Cette rencontre se fera petit à petit, en franchissant différentes étapes vers la connaissance de l’autre. Dans Les fourmis c’était l’homme qui tentait de se mettre au niveau des fourmis, ici c’est l’inverse, et c’est un coup de génie de l’auteur. Ces deux espèces ont encore beaucoup de choses à s’apprendre.

Je trouve que l’intrigue humaine est cette fois-ci un peu plus développée que dans Les fourmis. Nous sortons du huis clos de la maison d’Edmond Wells pour nous ouvrir sur le monde extérieur et sur de nouveaux personnages aux personnalités plus abouties et plus marquantes. Nous retrouvons bien sûr ceux du premier volume, coincés au fond de leur terrier, qui ont réussi tant bien que mal à construire une mini cité dont la pérennité n’est pas assurée…

Le jour des fourmis est un livre profond, finalement peut-être plus abouti que Les fourmis alors même que celui-ci était déjà une réussite. Bernard Werber est parvenu à donner une autre direction à son histoire tout en préservant ce qui fait la force de l’univers qu’il a créé. Ce roman marque la rencontre entre les deux populations, et en-cela il est exceptionnel. On aurait pu craindre de cette rencontre, qu’elle vienne « gâcher » la magie du premier roman, mais vous allez voir qu’elle est parfaitement bien amenée. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un roman de science-fiction, donc au réalisme malléable. Ce roman est à la fois philosophique et poétique, ce qui lui donne une beauté toute particulière que n’avait pas forcément le précédent. J’ai été émue, par ces petites fourmis, par le destin de ces insectes insignifiants à notre échelle mais qui représentent une partie non négligeable de l’espèce animale. Dans Les fourmis, nous côtoyons ces petites bêtes dans leur « quotidien », ici nous avons affaire à des insectes bien plus évolués, qui ont acquis des connaissances, des opinions, des savoir-faire plus élaborés et qui ont des questionnements et des pensées décentrés de leur simple condition de fourmi.

Nous retrouvons les énigmes qui font tout le charme de la trilogie, je suis moi-même une férue d’énigmes en tout genre. J’ai aussi décelé parfois des pointes d’humour fort agréable, en tout cas il m’est arrivé de sourire; de l’invraisemblance de certaines situations, de la naïveté toute enfantine des fourmis, mais surtout de la petitesse de l’homme lorsqu’il se retrouve confronté à des évènements qui le dépassent totalement.

Je vous laisse découvrir cette série de livres. En parler c’est une chose mais il est difficile de transmettre toutes les émotions et réflexions suscitées par cette lecture, tant elle est riche. Laissez-vous tenter, au pire vous ne serez pas sensibles à cet univers, au mieux vous serez ébahis et transportés ; quoi qu’il en soit je pense que vous n’observerez plus les fourmis de la même manière. De mon côté je me prépare à clôturer la trilogie avec La révolution des fourmis. Je n’ai plus d’appréhension, plus de doute, je sais à présent que Bernard Werber est plein de ressources pour surprendre ses lecteurs 😉

 

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