(Je m’excuse pour l’absence d’article la semaine dernière, mais les fêtes de fin d’année et surtout les évènements dramatiques qui se sont produits la semaine dernière en France m’ont fortement ralentie dans mes lectures).

Comme vous le savez certainement, je suis une grande admiratrice de l’écrivain Emile Zola, dont je dévore depuis quelques années chaque livre. Je ne doute pas que ce genre de lecture ne correspond pas forcément à ce que vous pouvez attendre sur mon blog (à ce propos, vous trouverez prochainement une réorganisation en genres et auteurs pour plus de clarté), mais les exclure de ce dernier serait un bien triste sort réservé à ces romans. Je réitère mon invitation à lire l’œuvre de cet écrivain. C’est avec Le Docteur Pascal que je poursuis avec Emile Zola et les Rougon-Macquart, en m’attelant au dernier volume de la série. Ayant commencé à les lire dans le désordre, je ne vais pas m’arrêter en si bon chemin. Il ne m’en reste, après celui-ci, plus que cinq à lire, et j’en aurai fini avec cet imposant monument littéraire.

Résumé de l’éditeurcouv

A Plassans, berceau provençal de sa famille, tandis que le Second Empire est tombé depuis deux ans, Pascal Rougon vit auprès de sa nièce Clotilde qu’il a élevée et qu’il adore. Ce sont moins ses patients qui l’occupent que ses recherches médicales, largement tournées vers l’hérédité, et l’histoire des Rougon-Macquart dont il a constitué l’arbre généalogique. Mais ces papiers, sa vieille mère voudrait les voir détruits pour qu’enfin disparaisse toute trace de la honteuse naissance de la famille, et Clotilde commence par prêter la main au complot.

Mon avis

Le Docteur Pascal vient clôturer la série de vingt romans de la manière la plus juste possible. Il s’agit d’une sorte de huis clos se déroulant dans une bâtisse de Plassans, ville légendaire des Rougon-Macquart puisque l’histoire de cette famille y prend racine. Pascal Rougon, sa nièce Clotilde, et leur bonne Martine sont les trois personnages principaux. En parallèle interviennent la grand-mère Félicité, Maxime le frère de Clotilde, la Tante Dide (l’aïeule centenaire qui est à l’origine de toute la famille) et le jeune médecin Ramond.

Ce roman nous rafraîchit la mémoire sur tous les précédents, représentant ainsi un hommage que j’ai trouvé très touchant. Le Docteur Pascal, médecin donc, a entrepris un vaste travail consistant à établir l’arbre généalogique de sa propre famille afin d’étayer sa théorie sur l’hérédité. Vous apercevrez en filigrane le labeur de Zola lui-même à travers ce personnage. Ce livre serait en effet en partie autobiographique, et en cela il dégage une force particulière.

Pascal Rougon tente en vain de se défaire de sa famille, remplie de tares depuis des décennies,  qu’il rejette en même-temps qu’il ne peut s’empêcher de passer des journées entières à étudier chaque cas. Il souhaite, et est même convaincu, être un individu différent de ses parents, mais il va découvrir qu’on ne peut jamais aller contre l’hérédité, que ce qui est ancré en nous refait toujours surface. Celle contre laquelle il passera sa vie à s’extraire du filet est sa propre mère, Félicité, femme vile et arrogante, aux velléités purement égoïstes et luttant contre l’œuvre de son fils qu’elle juge destructrice.

Ainsi, le lecteur est invité à replonger dans les profondeurs des familles Rougon et Macquart, redécouvrant l’histoire de chacun de ses membres, des destinées les plus tragiques aux plus heureuses. Des annotations en bas de pages nous aident à replacer chaque personnage dans le livre qui le met en scène, ou les livres d’ailleurs.

Le Docteur Pascal est un roman à portée scientifique, nous en apprenant énormément sur les avancées médicales de l’époque, certaines avant-gardistes, d’autres avortées. C’est aussi un roman philosophique qui questionne, plus que dans tout autre roman d’Emile Zola. Les thèmes abordés sont avant tout la science et la religion, à travers le sens de la vie et ce que chaque individu fait de ce qui lui est offert, la notion de bonheur, la souffrance, le travail mais aussi la mort et l’au-delà.

Les personnages Pascal et Clotilde sont dotés d’une intelligence vive, qui n’a pu trouver sa source que dans un environnement sain, où aucun tabou n’est venu pourrir leur existence et qui contraste avec les terres véreuses ayant vu naître leurs ancêtres. La relation unissant l’oncle et sa nièce se transformera peu à peu en inceste sur fond de passion douce née de leurs années de vie commune. Un amour beau et sincère en sera le fruit, qui durera jusqu’à la mort. Le Docteur Pascal est un personnage passionné, aux ambitions glorieuses et légèrement démesurées, se donnant entièrement dans tout ce qu’il entreprend, jusqu’à s’en rendre malade. Sa folie du labeur n’a d’égale que sa très grande bonté. C’est un homme que l’on ne peut qu’aimer et admirer, qui brille par son intelligence et sa clairvoyance, en contraste avec les autres membres de sa famille. Néanmoins, il reste marqué au fer rouge par ses ascendants, les troubles du passé familial refaisant surface dans des moments de faiblesse physique et mentale dont il tente de se sauver avec l’aide de son ami Ramond. Clotilde est elle une jeune femme rêveuse et espiègle, entièrement dévouée à son maître de toujours mais dont la désobéissance causera bien des situations compromettantes. Pour autant, dans son amour aveugle pour son oncle et malgrétoute la bienveillance dont elle est entourée, elle se renfermera comme une huître et succombera à une existence finalement convenue.

Le roman se déroule sur un temps relativement restreint par rapport aux autres livres, une année environ s’écoule entre la première et la dernière page. Mais j’ai pourtant eu l’impression que le temps se rallongeait en fonction des évènements et des états d’âme des personnages, qui sont nombreux et variés. Le couple d’amants évolue rapidement dans leur relation mais aussi dans leurs philosophies. Ils font preuve d’une ouverture d’esprit étonnante et semblent prêts à accepter les vérités même si elles ne satisfont pas leurs idéaux initiaux.

Le Docteur Pascal vient mettre un point final à l’histoire des Rougon-macquart avec beaucoup d’émotion et de douceur. La naissance d’un nouvel être, au destin certainement plein de belles promesses et de nouveaux buts donne une note d’optimisme bienvenue. C’est un roman porteur d’espoir et de renouveau qui fait du bien lorsque l’on a lu l’intégralité de la série.

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