Ce roman est directement tiré de faits réels, à savoir le meurtre d’un petit garçon au sein d’une famille bourgeoise anglaise du milieu du 19ème siècle. Je vous ai dit il y a peu que je n’apprécie pas spécialement les histoires reposant sur du vécu, pour lesquelles je préfère la fiction pure. Je me rends compte que cet article est le troisième au sujet d’un livre inspiré de faits réels (Une petite fille trop gâtée et Les disparus). Vous allez me dire que je suis franchement contradictoire, et vous n’aurez pas tort. Mais comble de l’ironie, ces trois livres se sont retrouvés dans ma jolie pile par hasard. En effet, j’ai acheté il y a quelques mois 60 livres d’occasion chez un particulier à un prix dérisoire. Petite expérience rigolote car je me suis retrouvée avec principalement des bouquins dont je n’avais jamais entendu parler. Il y a eu d’énormes surprises mais aussi de grosses déceptions, comme j’aurais pu en avoir en achetant uniquement des livres choisis scrupuleusement. Je ne regrette absolument pas cet achat plein de découvertes. Dans cette fameuse pile se trouvait donc ces trois romans qui m’ont en définitive plutôt convaincue. Comme quoi, il ne faut jamais dire jamais !

Résumé de l’éditeur9782264048950

Au cours de l’été 1860, un fait divers atroce bouleverse l’Angleterre, déclenchant à travers tout le pays une hystérie médiatique sans précédent. Qui a tué le jeune Saville Kent, trois ans, dernier-né d’une famille de respectables bourgeois de la campagne anglaise ? Parmi les membres de la famille, chacun semble coupable car chacun a quelque chose à cacher. Immédiatement, les journaux s’emparent de l’affaire, et l’enquête, menée par Jack Whicher, célèbre détective de Scotland Yard, dévoile à tout le pays l’intimité d’une famille au-dessus de tous soupçons. Récit d’un scandale, acte de naissance du pouvoir de la presse, mais aussi du roman policier anglais, « L’Affaire de Road Hill House » est avant tout une histoire aussi vraie que captivante…

Mon avis

L’affaire de Road Hill House n’est pas un roman, mais se rapproche du documentaire. On y découvre dans le détail le plus extrême l’enquête policière du meurtre atroce d’un petit garçon, Saville Kent. Ne vous attendez pas à des rebondissements comme on en trouve dans les fictions policières, point de cela ici. Car la force de ce livre c’est avant tout de faire le lien entre une affaire criminelle qui a fait grand bruit et le rôle et la perception de la police en générale, et des détectives en particulier, dans la société anglaise de l’époque victorienne (milieu-fin du 19ème siècle) ; en plus de traiter en parallèle l’avènement des détectives dans la littérature de l’époque (Dickens entre autres).

Il y a énormément de personnages qui gravitent autour du meurtre : parents, enfants, bonnes, nurses, domestiques, voisins, policiers, journalistes etc… Il est assez difficile de se repérer par moments, mais l’auteur a eu la bonne idée d’insérer la liste de tous les protagonistes au début du livre. La lecture est très agréable et malgré la quantité d’informations, le fil de l’histoire est fluide.

Ce que j’ai aimé dans ce livre c’est le retrait de l’auteur qui laisse la place au récit dans toute son objectivité. Nous avons les faits et uniquement les faits, tirés des journaux de l’époque, lettres, comptes rendus de procès et autres documents officiels. L’auteur a su mettre en relief ce qui était à plat pour rendre intelligible le micmac administratif inhérent à toute enquête policière. Nous suivons l’affaire depuis la veille du meurtre jusqu’à des décennies plus tard, ce qui permet d’avoir un tableau complet de la famille Kent, leur histoire et les relations que chaque membre entretient avec les autres. Le livre ne s’arrête pas à la résolution du crime, qui ne sera d’ailleurs jamais totalement éclairci, mais se poursuit des décennies plus tard, ce qui permet au lecteur de découvrir l’impact du drame sur le parcours de vie de chaque protagoniste.

Le défaut du livre, qui n’en est pas vraiment un puisqu’il est lié au déroulement de l’enquête, est le fait que l’on repasse plusieurs fois sur chaque infime détail ou fait, qui est soumis à diverses interprétations. Je prends l’exemple le plus marquant de la disparition d’une chemise de nuit qui va hanter le récit tout le long, évènement en apparence anodin mais s’avérant être une des clés du mystère. J’ai été aussi un peu déçue de ne pas découvrir plus de secrets sur cette famille. L’auteur et le résumé du livre sous-entendent qu’il y en a de profondément cachés, mais malheureusement ils ne seront pas tous dévoilés au grand jour. Le lecteur referme le livre en ayant la désagréable impression que beaucoup de choses n’ont pas été révélées. Ce n’est pas un réel reproche que j’adresse à l’écrivain, car comme je l’ai dit celle-ci ne fait que raconter ce qui a été porté à la connaissance de tous. La famille Kent restera donc mystérieuse même plus d’un siècle plus tard.

Pour conclure, j’ai beaucoup apprécié L’affaire de Road Hill House qui est originale dans sa construction et sa narration tout en nous apportant des informations fort intéressantes sur un sujet assez peu traité : Le détective au 19ème siècle. Ce livre est complet et aborde tous les éléments de l’enquête en ayant à chaque fois pour objectif de satisfaire la curiosité du lecteur à la limite du voyeurisme, comme les gens du peuple de l’époque; mais pour notre plus grand plaisir.

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