Voici un livre que je n’aurais sûrement jamais lu si je ne m’étais pas trompée lors de son achat. En effet, je pensais, en tombant dessus, qu’il s’agissait d’un roman de Jesse Kellerman, l’écrivain du roman à succès Les visages que j’ai beaucoup aimé. J’aurais dû mieux me renseigner. Mais il s’avère que Jonathan est le père de Jesse, ouf, mon erreur est excusable. Toujours est-il que je me suis décidée à le lire malgré cette petite déception; en outre le hasard de sa possession lui conférait un attrait amusant. Et puis, lire le père après le fils est plutôt cocasse.

Résumé de l’éditeurOLYMPUS DIGITAL CAMERA

Arrivés sur les lieux du crime qu’on leur a signalé, l’inspecteur du LAPD Milo Sturgis et le psychologue Alex Delaware découvrent un couple assassiné par balle dans une Mustang. Le jeune homme a la braguette ouverte et la jeune femme une pointe de fer fichée dans la poitrine. Tout dit le crime sexuel. Si l’on ne sait rien de la jeune femme, le jeune homme, lui, s’appelle Gavin Quick et a suivi une thérapie avec le Dr Koppel, très en vogue dans les médias. Delaware demande à cette dernière de l’aider, mais elle refuse de lui dire quoi que ce soit sur son ancien client : secret professionnel oblige. Survient alors un autre crime qui fait penser à Delaware que la thérapeute n’est pas claire. Folie sexuelle ou assassinats organisés dans un milieu où l’on ne s’attend guère à de la corruption ? Toute la question est là.

Mon avis

Je dois bien admettre que le titre ne m’emballait pas franchement. Je le trouve trop bref, presque snob dans son terme, « La psy », qui se veut accessible au commun des lecteurs. Je craignais de plonger dans un thriller pseudo psychologique, de ceux que j’ai dévorés plus jeune, mais qui avec l’âge se sont retrouvés relégués à une place moins noble dans mon cœur et ma bibliothèque. Pour autant, je désirais lui laisser une chance, puisqu’il se trouvait là, entre mes mains, alors qu’il n’aurait jamais dû y être.

Ce roman s’inscrit dans une série mettant en scène un duo formé par un policier et un psychologue. Je ne connaissais donc pas le passé des personnages, mais ceci ne m’a absolument pas dérangée; ce n’est ni la première, ni la dernière fois que je procède ainsi. Je pourrais même dire que c’en est presque devenu une habitude. Quelques références à d’anciennes enquêtes résolues parsèment le récit, mais rien qui n’empêche de comprendre celle qui nous intéresse.

L’intrigue est efficace dès les premières pages puisque la découverte des premiers cadavres apparaît lors du chapitre initial. Par un hasard que seul les écrivains savent rendre évident, nos deux comparses se retrouvent tous les deux sur les lieux du crime et s’emparent immédiatement de l’enquête avec un naturel déconcertant. Ils se l’approprient comme si elle leur était destinée. Puis ensuite, ils semblent être les seuls concernés par sa résolution. En effet, Milo, l’inspecteur, n’a que très peu de contacts avec ses collègues qui interviennent dans l’affaire de manière anecdotique. Il travaille main dans la main avec son ami Alex, psychologue au service de la police. Ce point m’a légèrement titillée, car fait défaut à l’histoire tout le travail d’équipe généralement nécessaire à la bonne marche de l’investigation. Les deux amis se suffisent à eux-mêmes par leur complicité et leur complémentarité altérées par aucun accroc, aucune mésentente ou incompréhension. Après tout, pourquoi pas, mais cette manière de procéder, au lieu de donner un coup de fouet à l’enquête, ne fait que la ralentir.

L’on pourrait penser que deux cerveaux connectés valent mieux qu’une dizaine de têtes éparpillées, certes; mais, bien que l’énigme policière trouve sa résolution, le rythme global du récit souffre d’une monotonie due à une absence de rebondissements dignes de ce nom. Les découvertes sont servies avec parcimonie et régularité, sans fulgurance. Alex et Milo évoluent loin de toute tension, toute urgence. Ils sont d’une humeur constante. Je dois dire que ce point s’avère agréable en comparaison d’autres romans où le personnage principal reçoit en pleine figure les conséquences d’une enquête difficile et harassante dans laquelle il se trouve englué; éléments qui détournent le lecteur de son intérêt initial. Ici, c’est à un parcours de santé auquel se livrent nos héros, qui ne souffrent d’aucune manière des aléas de leurs professions, qu’ils parviennent à distinguer sans peine de leurs vies privées. Ainsi, le lecteur pourra se concentrer pleinement sur l’intrigue de fond, et mettre de côté les personnalités de ceux qui doivent résoudre l’enquête. Cette dernière ne subissant pas les aspérités de personnalités troubles.

Concernant le cœur de l’intrigue, le meurtre de deux jeunes suivi de celui d’une célèbre psychiatre, son déroulement est en soi plutôt crédible. Alex et Milo avancent pas à pas, en toute logique, comme l’on suit une corde qui nous mène droit vers notre but sans que l’on ne s’inquiète d’un quelconque changement de direction. Néanmoins, une seconde piste s’ajoute rapidement à la première envisagée, et les deux seront suivies simultanément, avec la même minutie, jusqu’à ce qu’elles se rejoignent. Nous avons d’un côté une affaire fleurant le crime sexuel, et de l’autre une suspicion de corruption autour de thérapies pour les délinquants dans laquelle un groupe de psychiatres semble être mêlé.

Je dois dire que je craignais fortement une vulgarisation excessive de la psychiatrie dans un mélange indigeste de mots-clés, terminologies, théories afin de crédibiliser le fond même du récit. Mais, plutôt que de nous servir un charabia psychologique qui sonnerait faux pour les connaisseurs, l’auteur préfère s’abstenir, et je l’en remercie. Il vaut mieux éviter de se lancer sur ce genre de sujet si l’on ne le maîtrise pas parfaitement, et en ce qui concerne la psychologie il est souvent tentant de se laisser porter par le sujet en croyant que l’on en sait suffisamment. Ici, bien que l’histoire comporte un certain nombre de personnages du métier, l’un des héros en outre, l’intrigue n’est pas alourdie par des échanges épuisants et stériles, mais se concentre sur les faits et uniquement les faits. Et cela est finalement largement suffisant pour offrir un roman policier qui tient la route et qui paraît plausible. ( Après renseignements, et après avoir écrit ce paragraphe, j’ai découvert que l’auteur est lui-même psychologue clinicien, sa discrétion dans le roman quant à ses connaissances en la matière est un mystère)

Néanmoins, le gros défaut du livre, et non des moindres, est un manque de suspense et de tension, qui s’accompagne inévitablement d’une impression de lenteur; l’ingrédient ultime pour sublimer le genre policier fait donc défaut. La sauce a du mal à prendre, l’on tourne les pages avec une impatience modérée, mais on les tourne malgré tout car l’intrigue est somme toute de qualité. Je regrette cependant que les éléments éparses de l’enquête se rassemblent trop tardivement dans l’histoire.

De plus, un élément de l’intrigue m’a agacée. Il concerne la prise en charge psychologique d’une des victimes et plus précisément le contexte dans lequel elle a été amenée à rencontrer le groupe de psychiatres; ce détail évolue dans un méli-mélo abracadabrantesque d’explications. Il s’agit d’une précision redondante dans le récit dont l’importance est largement surestimée par l’auteur qui s’est évertué à la décortiquer, mais en vain puisque je n’ai toujours pas compris ce qu’il en était vraiment.

Ainsi, La psy est un roman sympathique mais loin d’être inoubliable. N’ayant eu aucune attente à son sujet, le résultat est plutôt positif. Mais je n’irai certainement jusqu’à lire un autre livre de l’auteur. S’il m’en retombe un par hasard dans les mains, alors peut-être, mais en ce cas je ne croirai plus au hasard.

Et vous, connaissez-vous cet auteur ? L’avez-vous déjà lu ?

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