Des amis m’ont offert un abonnement littéraire qui me permet de recevoir chaque mois pendant une durée déterminée une box contenant un ou deux livres. Je connaissais ce principe pour les produits de beauté surtout, mais je ne savais pas que ça se faisait aussi pour les livres. Et c’est une excellente idée, j’adore !

Ce mois-ci j’ai donc reçu deux petits livres, inconnus au bataillon mais c’est aussi le principe de la box, faire découvrir des auteurs peu connus. L’idée est géniale quand on sait à quel point l’accès à une certaine renommée est un chemin de croix pour les écrivains. Ce mois-ci, Saint-Valentin oblige, les deux livres tournent autour du thème universel de l’Amour.

Parmi eux se trouvait La plus que vive de Christian Bobin.ß>ion¤0 Aion-Abstractd Version

Résumé

Tu meurs à quarante-quatre ans, c’est jeune. Aurais-tu vécu mille ans, j’aurais dit la même chose : tu avais la jeunesse en toi, pour toi. Ce que j’appelle jeune, c’est vie, vie absolue, vie confondue de désespoir, d’amour et de gaieté. Désespoir, amour, gaieté. Qui a ces trois roses enfoncées dans le cœur a la jeunesse pour lui, en lui, avec lui. Je t’ai toujours perçue avec ces trois roses, cachées, oh si peu, dessous ta vraie douceur. Christian Bobin.

Mon avis

En premier lieu je dois évoquer mon léger souci avec le titre, qui grammaticalement parlant me semble ne vouloir rien dire. En tout cas, j’ai beau me le répéter, je n’arrive pas à en comprendre le sens… si quelqu’un peut m’éclairer.

Ce livre est minuscule, il comporte une centaine de pages. Je l’ai lu d’une traite un dimanche après-midi. Il n’est ni un roman, ni une nouvelle, ni un recueil poétique, mais une sorte de longue lettre adressée par l’auteur lui-même à sa compagne décédée.

L’écriture est très belle, les mots sont justes, l’écrivain se confie avec beaucoup de pudeur sur ses sentiments, revenant sur les années passées auprès de l’être aimé. Je dois dire que je me suis interrogée sur la motivation ayant conduit l’auteur à produire mais surtout  publier cet écrit. Je reste sceptique sur la question.

Qu’a voulu nous transmettre Christian Bobin ? Je ne sais pas. Ce roman est trop prude pour parvenir à me toucher réellement et en même temps trop intrusif pour avoir une portée universelle. Je ne me suis pas reconnue dans ce texte. Christian Bobin nous décrit un amour, son amour, en y apposant ses mots et ses émotions, mais d’une manière qui empêche le lecteur d’avoir accès au fond même de ce qui est dit. J’ai eu l’impression qu’une porte restait définitivement fermée tout au long du récit, m’empêchant d’en apprécier toute la saveur.

L’écrivain nous livre dans La plus que vive ce qu’il a envie de partager en faisant l’impasse sur une certaine cohérence. La beauté des sentiments me fait vibrer lorsqu’il y a de la matière. Ici il s’agit plutôt d’un enchaînement de phrases, certes belles, mais trop lointaines car se rattachant à une histoire singulière, personnelle, aux références intimes que seule la destinataire pourra saisir. J’aurais pourtant aimé être la personne à qui cette lettre était adressée, mais en être la simple spectatrice ne m’a rien fait ressentir. Je n’apprécie pas cet excès de pudeur un poil prétentieux qui pousse l’écrivain à ne pas trop en dire, parsemant ainsi son récit d’une pensée évasive, trop mystérieuse pour être intéressante.

Ce manque de générosité m’a dérangée. En littérature, il m’est important de sentir l’écrivain impliqué dans son travail d’écriture, mais aussi dans sa relation avec ses lecteurs, à travers un texte entier. Une lettre ouverte destinée à une unique personne est, je trouve, trop léger pour construire un livre. Cette confession ne serait pour ma part acceptable que si elle comportait une portée historique. Ce qui n’est pas le cas ici.

La plus que vive est un récit qui m’a malheureusement laissée insensible bien qu’il ait été très agréable à lire, car je dois reconnaître que l’écrivain a du style, sa prose est délicate. Je ne suis peut-être pas représentative du public cible de ce type d’ouvrage. En le relisant dans plusieurs années peut-être aurai-je un tout autre regard.

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