Voici encore un livre dont la couverture est issue du film. Je tâcherai de faire bien attention, à l’avenir, car vous savez que cette histoire de couverture me dérange. Vous avez sûrement déjà entendu parler de ce roman français, qui a connu un grand succès lors de sa sortie en 2012 et a été adapté au cinéma en 2014. Vous constaterez que j’ai souvent un certain retard dans mes lectures par rapport aux dates de sortie. Mais je ne suis pas forcément du genre à me ruer sur les dernières parutions en vogue (sauf pour Fred Vargas, mais à toute règle ses exceptions). Voici donc, trois ans après, mon avis sur ce roman qui a tant fait parler de lui.

Résumé de l’éditeurunnamed

Les femmes pressentent toujours ces choses-là. Lorsque Jocelyne Guerbette, mercière à Arras, découvre qu’elle peut désormais s’offrir tout ce qu’elle veut, elle se pose la question : n’y a-t-il pas beaucoup plus à perdre ? Grégoire Delacourt déroule ici une histoire forte d’amour et de hasard. Une histoire lumineuse aussi, qui nous invite à revisiter la liste de nos envies.

Mon avis

Premièrement, j’ai été surprise par la fine épaisseur de ce livre qui comporte moins de 150 pages. De ce fait, il se lit très rapidement et d’une traite pour les plus motivés. L’histoire est assez simple et se résume à quelques lignes. Une femme gagne au loto (ou plutôt à l’Euromillions, mais peu importe), mais la possession du chèque de quelque 18 millions d’euros va être à l’origine d’une remise en question de son quotidien.  Tout le monde s’est déjà posé la question, Qu’est-ce que je ferais de l’argent si je gagnais au Loto ? (Je ne parle pas de 10 ou 100 euros). L’auteur, en prenant le parti de tresser une intrigue autour de ce sujet, s’est avancé sur des chemins sûrs où il avait de fortes chances de séduire son lectorat.

Ainsi, nous suivons Jocelyne, la quarantaine, mariée, deux enfants, classe moyenne, gérante d’une mercerie et tenant un blog de couture au succès crescendo. Pour être honnête, je vous en ai parlé dans d’autres articles d’ailleurs, c’est le genre de situation initiale qui me dérange. J’ai encore une fois eu l’impression de me retrouver devant le même livre, avec le même personnage féminin stéréotypé imbriqué dans un quotidien fait des mêmes interrogations, accompagné de la fameuse crise de la quarantaine et tout ce qui s’ensuit. Je n’arrive pas à m’y retrouver avec ce genre de personnages, impossible de les apprécier, et je ne vous parle pas d’une éventuelle identification qui se trouve rapidement avortée. Je ne crois pas que cela soit uniquement dû à la différence d’âge et aux problématiques en question qui pourraient me paraître éloignées. Si tel était le cas, la littérature me serait bien fade.

La seule chose originale dans ce livre est finalement la manière dont Jocelyne décide de gérer l’argent gagné au loto. Dans un premier temps, elle le laisse dans un coin avant de prendre une quelconque décision, ce qui lui permet de rédiger différentes listes de besoins, d’envies et de folies. S’ensuivent des décisions aberrantes dont le lecteur ne peut pas réellement comprendre les motivations puisqu’il n’a pas eu le temps de saisir les personnalités à l’origine de ces décisions. Je parle entre autres du mari de Jocelyne, Jocelyn (oui,oui), qui est totalement passé à travers ma lecture. En fait, ce qui m’a le plus dérangée c’est la manière dont il est présenté, c’est-à-dire uniquement à travers les yeux de Jocelyne. Je n’ai pas aimé l’ironie et même le dédain avec lesquels elle semble le considérer. Je n’ai pas compris le fonctionnement de leur couple, ce qu’ils ressentent l’un pour l’autre, l’état de leur amour mutuel… Je serais bien incapable de vous dresser un tableau de leur foyer, les enfants y compris.

Le personnage qui m’a le plus marquée est en fait le père de Jocelyne, lourdement malade et dont la mémoire ne dure que six minutes. Ses apparitions sont des pauses bienvenues, bien qu’elles ne fassent pas avancer l’histoire, mais elles ont eu le mérite de m’émouvoir un tant soit peu.

Ce roman m’est apparu présomptueux en se donnant des airs dont il est en réalité dénué. Il manque de profondeur, d’épaisseur, à cause d’une substance scénaristique légère qui ne m’a pas rassasiée. Je pense sincèrement que le sujet aurait pu être bien plus approfondi car l’auteur nous donne des débuts d’interrogations, mais il passe rapidement à autre chose. La question de la puissance de l’argent n’est traitée que de manière superficielle alors qu’elle devrait constituer le fond même de l’histoire, et les différentes possibilités s’offrant à Jocelyne ne sont que peu abordées. L’auteur a choisi de traiter la question du gain fulgurant et démesuré d’une manière qui aurait pu être convaincante s’il était allé au bout de ses idées. Le lecteur n’a malheureusement ni le temps ni l’occasion de prendre toute la mesure de la situation qui pèse sur Jocelyne car le « dénouement » arrive très vite. Dénouement, oui et non, car rien n’est réellement dénoué, je dirais même que tout s’emmêle dans ce livre, jusqu’au final qui vient apposer des points de suspension plus qu’un point unique.

Concernant l’écriture, car il faut bien en parler, je lui adresserais le même reproche que celui fait au personnage de Jocelyne. Les deux étant très souvent étroitement liés j’ai constaté. L’écriture est « moderne », franche, parfois grossière, à la ponctuation hasardeuse, pour certainement rendre le discours plus oral et donc plus vivant. Toujours est-il que, loin d’être réfractaire à toute modernité dans la littérature, je n’en reste pas moins sensible aux beaux mots, aux belles phrases, et à la culture d’un certain style, ou au moins à l’effort de l’écrivain pour rendre son texte le plus attrayant possible. Je suis persuadée que l’on peut retranscrire une histoire actuelle sans user de « familiarité » dans ses propos, ce qui peut séduire certains lecteurs mais en rebute beaucoup d’autres.

Pour tout vous dire, je ne savais pas à quoi m’attendre en lisant La liste de mes envies. Je souhaitais le découvrir car, à force d’en entendre parler, il fallait bien que je saute le pas ; et puis, en littérature, le lecteur ne prend pas énormément de risque. J’ai refermé ce livre avec la même impression vague que lorsque que je l’ai ouvert, comme s’il avait été une simple parenthèse, vite effacée et remplacée, une lecture expresse pour gens pressés.

Le point positif de ce livre, enfin ce que j’en retiens, est mon envie de lire Belle du Seigneur d’Albert Cohen, car il y est fait mention à de nombreuses reprises. Ce sera donc l’une de mes prochaines lectures 🙂

Et vous, qu’avez-vous pensé de ce roman ? Comprenez-vous son succès ?

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