Voici un autre ouvrage du tant apprécié Jean d’Ormesson.LA DOUANE DE MER

Résumé

L’auteur meurt à la première ligne. Au moment où il survole, avec un sentiment de mélancolie dû à sa situation, la Douane de mer à Venise, il tombe sur un esprit venu d’Urql, dans une lointaine galaxie, pour étudier l’univers. L’esprit surgi d’ailleurs s’appelle A. Il considère avec stupeur une planète dont il ne sait rien et qu’il a du mal à comprendre. Le défunt s’appelle 0. Avant de quitter à jamais pour une destination inconnue les bonheurs et les plaisirs de notre vallée de larmes, 0 va présenter le monde à son nouvel ami. Trois jours durant, à l’usage des gens d’Urql qui ont le malheur d’ignorer que nous sommes le centre de tout, A et 0, aile contre aile, parcourent l’espace et le temps et rédigent un rapport sur la Terre et les hommes.

Mon avis

J’ai mis énormément de temps pour finir ce roman, environ quinze jours, d’où le retard dans mes articles pour lequel je m’excuse. La Douane de mer est une lecture très particulière et franchement difficile à aborder.

Pour résumer, il s’agit d’un long dialogue entre un esprit prénommé A. venu de la lointaine planète d’Urql, et un tout juste défunt O. J’ai beaucoup aimé l’introduction, la mise en scène des personnages, leur rencontre et leur rapprochement. Néanmoins, au bout de quelques pages ce fut un véritable labeur d’ingérer les lignes et les lignes interminables et lourdes. En fait, ce que je reprochais à Jean d’Ormesson dans mes précédentes lectures se retrouve amplifié dans ce roman : des énumérations à rallonge à mon goût inutiles, des passages du coq à l’âne ainsi que des thèmes abordés trop brièvement. Je n’ai pas retrouvé la petite magie que j’aime tant chez cet écrivain. Je me suis sentie tout le long dans une espèce de machouillage incessant de points déjà évoqués dans ses autres romans.

Je vais être honnête avec vous. Arrivée à la 200e page j’ai vraiment hésité à refermer La Douane de mer. Heureusement que je porte Jean d’Ormesson dans mon cœur de lectrice car sinon mon ennui aurait eu raison de ma lecture. Plus que de l’ennui en fait il s’agit d’un véritable agacement. Pourquoi noyer le pauvre lecteur sous des noms, des dates et des histoires qui n’ont d’intérêts que pour leur aspect anecdotique ? Encore une fois l’explication est inhérente à ce dont nous parle de roman, à savoir le monde à travers le regard d’un être humain lambda. Mais il aurait suffi de quelques suggestions ou alors une plongée plus profonde dans les méandres de l’Histoire, et non d’une avalanche d’informations très vite oubliées.

Cette première partie (de quelque 200 pages tout de même) était tout sauf agréable. Souvenez-vous du plaisir que j’ai eu en lisant Voyez comme on danse. Comment deux livres écrits par la même main peuvent-ils me faire éprouver des sentiments opposés ?

Mon intérêt s’est cependant accru, ou puis-je dire, mon intérêt a vu le jour, lorsque l’auteur aborde le sujet de la religion. Jean d’Ormesson parvient enfin à se poser, à traiter un thème sur plusieurs pages et non sur quelques lignes. Cette « pause » dans son récit donne au lecteur une bouffée d’air frais fort attendue. J’ai enfin pu apprécier la qualité de ce que l’auteur a à nous dire. Car ses réflexions sont malgré tout toujours aussi intéressantes et intelligentes.

Mais cela fut de courte de durée, le fil de l’histoire a vite repris son rythme initial pour mon plus grand déplaisir. C’est d’autant plus agaçant et frustrant que Jean d’Ormesson est une mine de connaissances absolument gigantesque. J’ai eu l’impression qu’il souhaitait à tout prix nous étaler sous les yeux toute l’étendue de son savoir mais de façon abrupte et donc très loin de la finesse que je lui connais. Cet amas d’informations et le ton employé donnent un côté professoral fort déplaisant à ce roman.

En fin de compte, et vous l’aurez compris, je déconseille La Douane de mer aux curieux de Jean d’Ormesson, ce n’est certainement pas cette lecture qui vous fera apprécier l’écrivain.

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