Aujourd’hui, je vous propose une lecture un peu plus légère, qui m’a fait revenir vers le genre policier que j’avais mis de côté ces derniers temps. Pour la petite histoire, l’écrivain Charles Exbrayat représente pour moi une sorte de madeleine de Proust « visuelle »  si je puis dire. En effet, étant enfant je voyais son nom apparaître plusieurs fois dans la bibliothèque de mes grands-parents, puis dans celle de mes parents. Les éditions Le masque en particulier, dont les livres se distinguent par leur couverture jaune criard, sont restées gravées dans ma mémoire. Elles m’ont permis de découvrir Agatha Christie, ce qui n’est pas rien. Ainsi, j’ai enfoui Exbrayat au fond de ma mémoire avec toutes les choses « vieillottes » de mes souvenirs. Et puis récemment, au détour d’une conversation, son nom, que je n’avais plus entendu depuis des lustres, a refait surface. C’est drôle car je pensais que cet écrivain était très connu, mais en me renseignant un peu je me suis rendu compte qu’il ne l’était pas tant que ça.  Je me suis donc lancée, par nostalgie et curiosité, dans cette lecture sans vraiment me poser de questions.

Résumé de l’éditeur

Bon sang ! Il avait hâte que tout soit terminé… Cette idiote de Rosa allait finir par lui faire perdre les pédales… Jamais il n’aurait dû en faire sa complice. Elle était vraiment trop stupide. Trop stupide et trop dangereuse. Mais il n’avait pas eu le choix. C’était la seule façon d’obtenir le microfilm… Enfin, maintenant, le calvaire touchait à sa fin. Si cette garce se tenait tranquille jusqu’à la frontière, il était sauvé. Dans quelques heures, il passerait le rideau de fer. Dans quelques heures, il se débarrasserait de Rosa et tout rentrerait dans l’ordre. Dans quelques heures, si tout allait bien…

Mon avis

Je vais essayer d’être plus concise cette fois-ci (mes articles ont tendance à s’allonger au fil du temps). Ce petit roman, je l’ai dévoré en un après-midi. C’est typiquement le genre de lecture idéale pour un moment de détente, et cela n’a rien de péjoratif. Voyez-vous, j’ai commencé cette lecture sans rien en attendre d’extraordinaire. Et la magie de la littérature a fait que je me suis laissée emporter dans l’histoire, m’empêchant de refermer le livre avant de l’avoir entièrement exploré.

L’intrigue, que je qualifierais plus d’espionnage que policière, est futée, complexe comme il faut et comportant son lot de rebondissements en tout genre et ses fines cocasseries. Nous frôlons parfois l’absurde et l’improbable, ce qui peut en dérouter certains, mais ceci est amené d’une telle manière que finalement on n’en retient que le caractère humoristique. Le lecteur comprend vite le ton que l’auteur souhaite donner à son récit, et l’aspect policier/enquête n’est qu’un prétexte à une histoire se nouant principalement autour des relations familiales et des différences sociales entre la bourgeoisie et la classe ouvrière. C’est amusant car par moments je me serais crûe devant une représentation théâtrale, avec ses quiproquos, ses dialogues incisifs et ses mises en scènes exagérées. Si l’intrigue ne s’était pas déroulée en plusieurs endroits, elle aurait pu faire une parfaite pièce de théâtre, du genre vaudeville.

Cette lecture a une saveur surannée dont je me suis délectée, grâce à l’époque où l’histoire se déroule d’une part (le début des années 60), mais aussi le milieu social des personnages. D’un côté nous avons donc la haute société lyonnaise, ses codes, ses us et coutumes et son langage pompeux; et de l’autre les gens du peuple, englués dans des conditions de vie plus précaires et au dialecte bien particulier.

L’intrigue se déroule dans la ville de Lyon que j’affectionne tant. C’est toujours un plaisir pour moi de retrouver les quartiers que je connais si bien et de m’y balader avec les personnages.

L’écriture est purement narrative, descriptive et factuelle, instaurant une mise à distance de l’auteur qui rend les évènements d’autant plus comiques et incongrus. Tout ceci se lit à une vitesse déconcertante, les pages s’enchaînent de manière fluide, le rythme est parfaitement maîtrisé. Et, ne m’attendant pas à un dénouement renversant, ayant mis de côté comme je l’ai dit l’aspect policier de l’histoire, l’auteur est toutefois parvenu à apporter une touche de surprise dans son final.

Espion, où es-tu ? M’entends-tu ? est un roman qui ne se prend pas au sérieux et c’est réellement appréciable. Nous avons les ingrédients essentiels pour faire un bon livre, des personnages bien campés, une intrigue qui tient la route, une pointe d’humour et de sentiments. En somme, que faut-il de plus ? Exbrayat a un talent de conteur indéniable et une imagination folle. J’ai ri et me suis détendue. C’est un livre efficace sans prétention, à parcourir sans se poser de questions. Moi qui n’attendais pas grand-chose de cette lecture, j’en suis ressortie ravie avec même une pointe de tristesse de quitter ces joyeux personnages. Mais avec la quantité astronomique de romans qu’Exbrayat a publié, je pense être bien vite consolée.

Et vous, y a-t-il des écrivains qui n’ont d’existence dans vos souvenirs que par le nom qu’ils évoquent ?

 

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