J’entends parler de cet écrivain américain depuis plusieurs années, sa réputation n’étant plus à faire. Cependant, je n’ai jamais vraiment eu l’envie d’acheter un de ses livres, me disant bêtement que j’allais avoir affaire à une sorte de Guillaume Musso américain (cela étant, j’apprécie à leur juste valeur les romans de ce dernier, bien que ce ne soit pas de la grande littérature, mais cela fera partie d’un prochain article). Et puis, je me suis retrouvée en possession du roman Cet instant-là, l’occasion pour moi de découvrir ce que vaut Douglas Kennedy.

Résumé de l’éditeur (Je n’aime pas du tout ce résumé soit dit en passant que je trouve bien trop théâtral)

Dans le Maine, de nos jours, et à Berlin en 1984.kennedy
Écrivain new-yorkais d’une cinquantaine d’années, Thomas Nesbitt reçoit à quelques jours d’intervalle deux missives qui bouleversent sa vie : les papiers du divorce d’avec son épouse, Jan, à laquelle il est resté marié plus de vingt ans, et un carnet de notes en provenance d’Allemagne envoyé par un certain Johannes Dussmann. Ce dernier est le fils d’une Est-Allemande prénommée Petra dont Thomas est tombé fou amoureux, il y a vingt-cinq ans.
Berlin, 1984. Parti à Berlin pour écrire un récit de voyage, Thomas arrondit ses fins de mois en travaillant pour Radio Liberty, la radio de propagande américaine. C’est là qu’il rencontre Petra, sa traductrice. Entre l’Américain allergique à toute forme d’engagement et l’Allemande de l’Est récemment passée à l’Ouest, c’est le coup de foudre, intense, total, dévastateur. Thomas va peu à peu découvrir l’histoire dramatique de Petra : son mariage avec un intellectuel provocateur, la naissance de leur fils, Johannes, la mort suspecte du mari, sa propre arrestation par la Stasi, son échange avec des espions est-allemands, son passage à l’Ouest, hélas, sans Johannes. Thomas est bouleversé. Rien désormais ne semble pouvoir séparer les deux amants.
Mais dans le Berlin de 1984, rien n’est simple et même les personnes en qui vous pensez avoir le plus confiance peuvent vous trahir

 

Mon avis 

J’ai connu plusieurs phases à la lecture. Les 100 premières pages m’ont plutôt plu et m’ont donné envie de poursuivre, puis les 300 pages suivantes, soit le plus gros morceau du livre m’ont vite ennuyée pour enfin retrouver un peu d’intérêt à partir de la 500ème page. Je m’explique. Le roman commence comme tant d’autres par l’histoire d’un homme à un tournant de sa vie, Thomas Nesbitt la cinquantaine bien avancée, un divorce annoncé et un avenir morose. Tout bascule lorsqu’il reçoit le colis de Pedra, un ancien amour jamais oublié. Ce colis va le plonger 25 ans en arrière pendant l’un de ses nombreux voyages, à Berlin Ouest. Ce flashback présageait une suite intéressante, mais les dialogues frisent le ridicule et les personnages sont des caricatures vivantes (je vous épargnerai l’artiste gay dans toute sa splendeur). Thomas et Pedra se rencontrent par un hasard, ils tombent fou l’un de l’autre en un claquement de doigt, ils font rapidement des projets de mariage-bébé-bonheur éternel, leur amour soudain semblant inébranlable. On en apprend plus sur le passé larmoyant de Pedra, son exil de la RDA, son mariage malheureux, et la séparation d’avec son nourrisson.

Puis finalement, un rebondissement inattendu (ou peut-être trop attendu en fin de compte donc inespéré) vient mettre un coup de fouet à l’histoire et réveiller un peu le lecteur. Ce n’est pas l’intrigue du siècle mais mine de rien j’ai eu envie d’aller jusqu’à la dernière page avec un certain enthousiasme. Il est question de manipulation, de trahison, de délation, sur fond de Guerre froide. Ce rebondissement est arrivé un peu trop tardivement selon moi, certains lecteurs ayant certainement lâché l’affaire bien plus tôt. Le livre n’aurait été que meilleur avec une bonne centaine de pages en moins. Le mieux est l’ennemi du bien, et encore plus en littérature.

Il faut croire que les histoires d’amour passionnel ne me font pas autant rêver lorsqu’elles sont trop brutes. Je préfère la subtilité des sentiments et la pudeur et la sensibilité qui vont avec. Tout est trop gros dans ce livre, l’auteur veut nous faire ressentir trop d’émotions qui finissent par s’annihiler entre elles tant elles sont mal maîtrisées. Je pense pourtant faire partie des lectrices/lecteurs cibles de ce genre de livre, mais en ce qui concerne Cet instant-là, je n’ai pas franchement été emportée. En fait, j’ai eu l’impression de lire un scénario de film plus qu’un roman, tant les personnages, les sentiments et l’intrigue en elle-même, sont exacerbés à la limite du lisible (ou du risible), c’est une sensation très étrange. Je ne peux néanmoins pas dire que j’ai passé un mauvais moment de lecture car j’y ai trouvé un certain plaisir. Mais ce n’est certainement pas le roman idéal à lire pour découvrir Douglas Kennedy. Et les critiques lues après ma lecture vont plutôt dans ce sens. Je me laisserai donc tenter par un autre  livre, ne voulant pas condamner injustement un écrivain à la réputation aussi solide. L’homme qui voulait vivre sa vie se retrouve donc dans ma liste de lecture (dont l’adaptation cinématographique est sortie en 2010).

 

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