J’ai lu ce livre il y a plusieurs semaines à présent donc mon avis est « refroidi ». Je tenais néanmoins à vous en faire part dans ce blog car j’ai tout simplement adoré ce roman. Une merveilleuse surprise piochée au milieu d’une pile de bouquins qui trône devant mon lit.

Au-delà  du mal est un roman pionnier du genre. En effet, il a été écrit à la fin des années 70, pour n’être publié en France qu’en 2010. Il a pour fond l’affaire de Caryl Chessman, un condamné à mort qui a fait grand bruit en écrivant des livres sur la peine capitale durant ses 15 années passées en prison.  Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre en ouvrant ce pavé de 800 pages mais j’ai immédiatement accroché et été déroutée par l’écriture soignée et méticuleuse de l’écrivain.

Résumé de l’éditeur

À 10 ans, Thomas Bishop est placé en institut psychiatrique après avoir assassiné sa mère. Il s’en échappe quinze ans plus tard et entame un périple meurtrier particulièrement atroce à travers les États-Unis. Très vite, une chasse à l’homme s’organise : la police, la presse et la mafia sont aux trousses de cet assassin hors norme, remarquablement intelligent, méticuleux et amoral. Les destins croisés des protagonistes, en particulier celui d’Adam Lenton, journaliste dangereusement proche du meurtrier, dévoilent un inquiétant jeu de miroir, jusqu’au captivant dénouement.

Mon avis

Ce roman narre une chasse à l’homme aux Etats-Unis avec tous les personnages qui gravitent, les politiques, les journalistes, les médecins, les policiers. Le personnage central est Thomas Bishop, un meurtrier dont l’horreur de ses crimes prend sa source, comme tant d’autres tueurs en série, dans son enfance passée auprès d’une mère négligente et violente. L’écrivain réussit avec une habileté surprenante à nous faire entrer dans sa tête et à tenter de retracer le chemin de sa descente aux enfers. Les crimes sont tout bonnement atroces et ce qui les rend encore plus atroces c’est la déshumanisation des victimes, toutes des femmes évidemment, qui sont réduites au simple état d’objet de jouissance pour leur bourreau. Au début du livre les victimes sont sujettes à des descriptions poussées et entretiennent un début de relation avec Thomas Bishop. Puis, au fil de l’histoire nous en apprenons de moins en moins, pour au final ne connaitre que leurs noms et rien d’autre. Tout comme les crimes qui sont finement décrits puis ne sont qu’uniquement évoqués, venant compléter la triste liste. La folie meurtrière de Thomas Bishop va crescendo jusqu’à atteindre les sommets de l’horreur et de l’indescriptible. Le lecteur est plongé dans l’essence même des crimes, il devient Thomas Bishop, il se plait à le détester tout en étant magnétiquement attiré par lui, par son incroyable intelligence et sa lucidité. On se demande quand va s’arrêter cette série noire et surtout de quelle manière. Thomas Bishop se détache des tueurs en série habituels de ce genre de roman, aux contours flous et se réduisant à leurs actes meurtriers. Ici, nous avons affaire à une personnalité dont la connaissance nous est offerte de manière chirurgicale par l’écrivain. Ce dernier passe au scalpel la moindre de ses réactions, pensées, attitudes pour tenter de rendre intelligible ce qui ne peut être que du domaine de l’irrationnel pour nous autres, sains d’esprit.

J’ai lu beaucoup de commentaires parlant de misogynie. Il est vrai que les femmes de ce roman, qui sont surtout représentées par les victimes de Thomas Bishop, sont soit prostituées soit vénales soit droguées, voire même les trois en même temps dans le pire des cas. Mais qu’en est-il des hommes ? Leur portrait n’est pas des plus glorieux. Il est affligeant de constater leur opportunisme dans cette affaire, qu’ils soient policiers, journalistes ou mieux encore politiques. L’écrivain nous décrit ainsi une société répugnante mais tristement réaliste où la chasse collective à l’ennemi public numéro un va de pair avec la recherche individuelle de la gloire et de la notoriété.

De tous les romans noirs lus à ce jour, Au-delà du mal est de loin mon préféré. Malgré sa taille qui peut paraître conséquente pour un roman de ce genre, je n’ai à aucun moment ressenti de longueur, le rythme est parfaitement équilibré et la tension est présente à chaque page. Il est difficile de reposer le livre sur sa table de chevet et surtout de réussir à fermer les yeux sans avoir de sombres images venant perturber le sommeil. Bref, rien ne manque dans ce roman et rien n’est en trop.

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