Je vous présente aujourd’hui le second livre que m’ont envoyé les Editions Baudelaire.

Il s’agit d’un recueil de nouvelles, qui sont très courtes puisqu’elles ne font que quelques pages. La nouvelle est un genre littéraire que j’ai découvert très tôt, mais rapidement mis de côté, de façon involontaire toutefois. Voyons donc ce que valent les 16 nouvelles que nous propose Jean-Marie Mantz.

L’auteur est un ancien chef de service de réanimation qui a participé à la publication de plusieurs ouvrages médicaux.

Mot de l’éditeurCouverture

« Tassé au fond du trou, j’étais à demi inconscient. Mes pensées allaient de la réalité concrète – la douleur de ma cuisse fracassée, le ballet lumineux qui dansait sur les bords du cratère, l’âcre odeur de la glaise – aux divagations délirantes entremêlées de souvenirs plus ou moins lointains. »

Seize nouvelles brèves dans lesquelles l’accent est mis sur la variété des situations encadrant l’action – l’histoire, la guerre, la mer, l’enfance, le jeu, la médecine –, sur les grands mobiles qui guident les hommes – l’esprit du lucre, la soif du pouvoir, la jalousie, mais aussi l’amour, le courage, la solidarité –, et sur la valeur euphorisante de l’humour.

Si cet ouvrage parvient à instruire sans ennuyer, à distraire sans égarer, à émouvoir sans attrister, il aura atteint son but.

Mon avis

16 nouvelles cela peut sembler beaucoup. En effet, ça représente 16 situations, autant de personnages, voire plus, et de dénouements. Je dois admettre qu’il m’a été difficile de me rappeler chacune des histoires une fois le livre refermé.

Le style de l’écrivain est très agréable, précis, fluide et délicat. Le plaisir de lire ses mots s’est ajouté au plaisir et à la curiosité de découvrir ses petites histoires qui se sont avérées être originales, drôles et émouvantes.

Je ne vais pas vous parler de chaque nouvelle, cela ne servirait pas à grand-chose. Par contre, je peux vous dire que j’ai été amusée par l’imagination de l’écrivain, qui parvient à faire de petites choses des histoires cohérentes, et transportée par son sens du dénouement et du suspense. Toute la difficulté de la nouvelle est là, rassembler en quelques pages les clés d’un bon roman, à savoir mettre en place une situation, un environnement, des personnages, puis déclencher un évènement perturbateur, et enfin proposer un final qui se tient, tout cela sans que le lecteur ait l’impression d’être face à un texte abrégé, ou un résumé bâclé. C’est un exercice délicat que de savoir susciter l’intérêt du lecteur en quelques lignes.

L’auteur a pourtant su saisir mon attention dès les premières pages, avec une petite histoire abordant la complexité du trio amoureux et qui m’a beaucoup plu. Cette mise en bouche m’a poussée à dévorer les nouvelles suivantes d’une traite.

Parmi celles-ci, nous nous intéressons à une invasion de pieuvres mutantes. Cette nouvelle est la plus cocasse de toutes, elle nous parle de l’impuissance de l’homme face à la nature qui le domine et le pousse à trouver des solutions toujours plus folles pour contrer ses dérives. On retiendra aussi la dernière nouvelle, mais aussi la plus longue, dont le titre m’a beaucoup amusée, « Le congrès des microbes ». Elle s’apparente à une fable où des microbes se réunissent pour lutter contre les Hommes.

Les thèmes abordés sont aussi variés que l’amour, l’amitié, la trahison, la santé, la mort, avec comme toile de fond la guerre, la mythologie, l’Histoire ou tout simplement le quotidien. Des sujets plutôt vastes donc, qui semblent recouvrir des prises de position franches de l’auteur, sur fond d’humour et d’ironie. On peut entrevoir aussi des débuts de questionnements sur l’existence et la condition de l’Homme. Le point commun entre toutes ces nouvelles c’est donc l’Homme, sa fragilité, ses incohérences et l’absurdité de sa situation. En effet, dans les nouvelles il est souvent question d’un personnage qui se retrouve confronté à une situation qui le dépasse, dans laquelle il tente d’intervenir, mais qu’il finit par fuir d’une manière ou d’une autre, ou bien qu’il essaye de s’approprier. Ces drôles de situations nous dévoilent les limites de l’Homme dans ses réactions, qui peuvent être irréversibles lorsqu’elles ne sont pas vaines.

Certaines nouvelles se terminent de manière franchement dramatique, voire plutôt macabre même, nous laissant sur une impression sinistre pour enchaîner sur l’histoire suivante, sans aucune transition. Je m’interroge ainsi sur l’ordre des nouvelles, si celui-ci a un sens, s’il est volontaire ou non de la part de l’écrivain.

D’ailleurs, je regrette peut-être un certain manque de régularité dans les nouvelles, certaines sont peut-être trop courtes pour avoir éveillé mon intérêt, effacées par d’autres plus efficaces et mémorables. Je pense entre autres au récit du vieux monsieur dans le coma qui parvient à entendre le chant des oiseaux. La fin symbolique avec l’oiseau libérateur m’a marquée.

Vous l’aurez compris, 16 nouvelles brèves est un livre divertissant, que je regrette néanmoins d’avoir parcouru en une seule fois. Fractionner ma lecture m’aurait sûrement permis de mieux assimiler les petites histoires et d’éviter ainsi l’aspect trop brutal des « transitions ». Mais je dois dire que j’ai été prise par la fluidité de l’écriture qui se boit comme du petit lait.

Jean-Marie Mantz nous dévoile une sensibilité au monde qui l’entoure empreinte de poésie et d’humour. Il utilise pour parler au lecteur des symboles comme l’oiseau en cage, l’anneau de Gygès, l’échiquier, la mer, la mélodie. Chaque situation exposée trouvera un écho dans une histoire de vie anonyme.

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